Même si elle dit le contraire, la Belgique peut bel et bien fournir des F-16 à l’Ukraine

Les recherches de la VRT montrent que la Belgique est en mesure de fournir des F-16 à l’Ukraine. Le chef d’état-major Michel Hofman, le chef des ressources matérielles Frédéric Goetynck et la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) ont pourtant indiqué ces dernières semaines que c’était impossible.

À la une : un envoi belge de F-16 est possible, selon la VRT.

  • La flotte belge compte actuellement environ 45 F-16A. Ces avions atteignent petit à petit les 8.000 heures de vol et sont mis hors service un à un. Ils seront remplacés par 34 F-35, qui seront livrés entre 2024 et 2030. Notre armée dispose également de 8 F-16B, la variante biplace utilisée comme avion d’entraînement. Ceux-ci ne sont pas inclus dans le calcul ci-dessous.
  • En attendant, la Composante Air doit encore assurer ses missions. Cela nécessite 8.920 heures de vol par an pour l’ensemble de la flotte. Étant donné que chaque F-16 vole environ 200 heures par an, tous les F-16A sont nécessaires. Cependant, à partir de l’année prochaine, les F-35 arriveront : ils doivent voler 233 heures par an. 
  • Cela devrait permettre de livrer au moins deux F-16 à l’Ukraine, chacun ayant encore 200 heures de fonctionnement. Un initié indique par ailleurs que le calcul est très prudent. Avec un peu de créativité, on pourrait en envoyer encore davantage.

Les explications : cette créativité fait défaut au sein de la Défense, et plus encore au sein de la composante politique.

  • Différents pays montrent qu’ils peuvent faire preuve de créativité en matière de livraisons en Ukraine. Les Pays-Bas, les États-Unis et le Danemark ont ​​fait don ensemble de 105 chars T-72, qu’ils ne possèdent pas eux-mêmes.
  • La Belgique n’a même pas besoin d’aller aussi loin en matière de créativité. Il suffit de penser aux alliés et de se demander s’ils souhaitent intervenir et reprendre certaines tâches de la Composante Air. Par exemple, les Pays-Bas pourraient effectuer un double service pour la Quick Reaction Alert, la mission d’interception au-dessus de l’espace aérien du Benelux. Les alliés pourraient aussi être invités à intervenir dans le cadre du Baltic Air Policing, qui voit F-16 belges surveillent l’espace aérien des pays baltes.

Non, l’avion ne se crashera pas après 8.001 heures

De plus : la Belgique semble savoir mieux que l’Ukraine si elle veut prendre le risque de piloter les « vieux » F-16.

  • En théorie, la durée de vie d’un F-16 est plafonnée à 8.000 heures de vol. En pratique, cela ne signifie toutefois pas que l’avion tombera du ciel après 8.001 heures. Lockheed Martin indique qu’il est parfaitement possible de voler plus longtemps avec certains appareils. Jusqu’à 1.500 heures de plus. Les avions qui ont subi peu de « stress » tout au long de leur carrière peuvent dépasser la limite théorique.
  • Plusieurs initiés indiquent que c’est à l’Ukraine de décider si elle souhaite voler avec ces anciens avions. Le journaliste de la VRT Jens Franssen indique également sur Radio 1 que le risque peut en valoir la chandelle, si sa mission sauve la vie de dizaines voire de centaines de soldats au sol. Et encore une fois, un F-16 ne s’écrase pas subitement après 8.001 heures de vol.
  • De plus, le délai de livraison des F-35 est également un facteur important dans cette histoire. Résoudre ce problème peut conduire à une avancée décisive. L’idée a déjà été suggérée par Jasper Pillen, vice-président d’Open Vld et membre de la commission parlementaire de la défense. La Belgique pourrait discuter avec les États-Unis et Lockheed Martin du calendrier de livraison. En recevant des F-35 plus rapidement, davantage de F-16 peuvent être retirés plus tôt, avec des heures de vol supplémentaires disponibles.

Il est également important de noter que la Belgique peut même gagner de l’argent en livrant des F-16. Avant d’être livrés, les avions néerlandais et danois doivent être rendus opérationnels. Cette opération est du ressort de la société belge SABCA, qui les a construits à l’époque. Et la SABCA appartient au groupe Orizio, lui-même détenu à 50% moins une action par la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPIM).

(OD)

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