L’absence de consensus européen sur les ambitions climatiques à présenter lors de la COP28 montre un véritable fossé entre les pays les plus aisés et ceux en développement. De mauvais augure pour la lutte globale contre le réchauffement de la planète.
Comme la Belgique, l’Europe ne parvient pas à se mettre d’accord sur ses ambitions climatiques pour la COP28

Pourquoi est-ce important ?
À l'aube de la COP28, l'Union européenne se trouve à une intersection de son engagement climatique. L'UE détient le potentiel non seulement d'influencer, mais aussi de diriger la conversation mondiale sur le changement climatique. Une position unie de l'UE sur le climat, et en particulier sur les énergies fossiles, est donc plus que jamais indispensable pour envoyer un message fort aux autres grandes économies et pollueurs.Dans l’actu : La (dés)union (sur le climat) fait la force… ou pas.
- Les ministres européens du Climat se réunissent ce lundi pour trouver une position commune avant la COP28. L’horloge tourne : celle-ci s’ouvrira fin novembre à Dubaï.
- L’UE souhaite faire honneur à sa réputation climatique ambitieuse, en comparaison avec les autres pays participant au sommet.
- Sauf qu’elle bloque sur la question des combustibles fossiles.
Zoom avant : À quel rythme faut-il éliminer les énergies fossiles de notre mix énergétique ?
- C’est la question qui divise l’UE.
- D’un côté, une dizaine de pays veulent que l’UE demande l’arrêt progressif des énergies comme le charbon et le pétrole. On y retrouve notamment la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Irlande et la Slovénie, selon Reuters.
- De l’autre, on souhaite arrêter petit à petit l’usage des énergies fossiles… Mais on laisse la porte ouverte à l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole si les pays arrivent à capturer les émissions produites. Un groupe mené ici par la République tchèque, la Hongrie, l’Italie, Malte, la Pologne et la Slovaquie.
- Problème : tous les pays de l’UE doivent être d’accord pour adopter leur position. Un seul pays peut donc tout faire capoter.
Une COP28 qui s’annonce déjà délicate
Zoom arrière : Un fossé entre pays européens, un véritable canyon avec les autres pays du monde ?
- Si l’UE n’arrive déjà pas à un consensus avec ses 27 États membres, on imagine mal comment les 197 pays de la COP28 s’uniront sur la question du climat.
- « Si l’UE n’y parvient pas, comment pouvons-nous espérer un résultat ambitieux (de la COP28) ? », a déclaré un diplomate de l’UE.
- Les désaccords entre pays européens sont ainsi un reflet à échelle réduite des dissensions mondiales entre les pays les plus développés et les pays les plus pauvres.
- Ces derniers s’appuient souvent sur les énergies fossiles pour leur développement.
- Ajoutez à cela les pays qui tirent une grande part de leur richesse des énergies fossiles. Un peu comme les Émirats arabes unis, qui supervisent la COP28. Le président (décrié) donne déjà le ton dans les colonnes du Guardian: « C’est le consommateur qui contribue à l’augmentation des émissions de CO2, pas le producteur ». Pas sûr que cela plaira à tout le monde.
- Des tensions qui présagent donc déjà de longues et difficiles négociations pour parvenir à limiter le réchauffement de la planète à 1,5ºC au-dessus des niveaux préindustriels.
Le cas belge
À noter : En Belgique non plus, on ne parvient pas à se mettre d’accord… Sur le nombre de personnes qui doivent composer la délégation belge à la COP28.
- « Avec 7 ministres et une délégation belge de plus de 150 personnes prenant l’avion pour le sommet climatique aux Émirats arabes unis, comment est-ce bénéfique pour le climat ? Moins (de personnes), s’il vous plaît ! », a exhorté la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA), la semaine dernière, qui ne s’y rendra pas.
- L’année dernière, lors de la COP27 en Égypte, la délégation belge était déjà de 125 personnes, ce qui avait également lancé une polémique, alors que la Belgique n’avait en poche qu’un accord partiel.
- En fait, seul un ministre de l’Environnement est appelé à représenter notre pays lors des COP et à prendre la parole, selon une tournante au sein de nos institutions. En Égypte, « tous les autres n’étaient là principalement que pour se prendre en selfie et pour avoir des rencontres bilatérales », a déploré Mme Demir.
- La Belgique a toujours eu du mal à parler d’une seule voix lors de COP, qui se concluent souvent par une bonne d’âne pour notre pays, faute d’accord entre la Flandre, les autres Régions et le fédéral.
- Dans le « Climate change performance index« , un classement établi chaque année depuis 2005 par 450 experts du climat, notre pays ne figure qu’à la 39e place, juste derrière… le Brésil. L’année d’avant, c’était encore pire : 49e place, bien derrière tous nos partenaires européens.