Jusqu’où pourrait chuter l’euro face au dollar ?

L’euro baisse à des niveaux qui n’ont plus été observés en vingt ans par rapport au dollar. Jusqu’où la saignée se poursuivra-t-elle?

Depuis plus d’un an, l’euro est en baisse par rapport à son homologue américain. De 1,22 euro pour 1 dollar fin mai 2021, la monnaie commune de l’UE a chuté jusqu’à 1,0165 ce mercredi après-midi, soit son niveau le plus bas en vingt ans. Ce jeudi, l’euro tourne entre 1,018 et 1,022 dollar.

Les économistes se sont d’abord demandé si l’euro allait chuter jusqu’à la parité avec l’USD, puis quand ce point sera atteint. Mi-mai par exemple, on s’attendait à ce que l’égalité soit atteinte dans les six mois (soit dans quatre mois à partir d’aujourd’hui). Mais depuis la chute s’est accélérée, et la question essentielle devient alors : jusqu’où chutera l’euro?

0,95

George Saravelos, expert des cours de change auprès de la Deutsche Bank, s’attend à ce que l’euro baisse jusqu’à 0,97 voir 0,95 dollar. En cause : la force du billet vert, et la rétraction des investisseurs vers la valeur refuge qu’est la devise américaine dans la perspective d’une récession.

« Si l’Europe et les États-Unis se retrouvent à glisser vers une récession au troisième trimestre alors que la Fed continue de relever ses taux, ces niveaux pourraient bien être atteints », explique-t-il, cité par CNBC, car les Etats-Unis ont un temps d’avance sur l’Europe.

La différence entre les deux zones économiques est qu’aux États-Unis, la Banque centrale a déjà commencé à relever les taux d’intérêt. En Europe, la BCE ne s’y essaiera que ce mois-ci.

Amélioration?

Selon Saravelos, il y a deux situations qui peuvent améliorer les perspectives pour notre monnaie. Premièrement, si la Fed ralentit la cadence de ses hausses des taux d’intérêt, voire les met en pause, le dollar perdra son momentum. Mais cela semble déjà compromis. Mercredi, l’institution bancaire a réaffirmé son soutien à combattre l’inflation coûte que coûte, même si cela équivaut à ralentir l’activité économique. Et on ne peut pas non plus s’attendre à ce que l’inflation baisse d’un coup par elle-même.

Deuxièmement, le fond serait atteint pour l’euro si la guerre en Ukraine prenait fin, et si les tensions de l’approvisionnement en énergie se dissipaient en conséquence. La crise des prix de l’énergie et les menaces de manquer de gaz sont un des principaux moteurs de la baisse de l’euro. Mais là aussi, la situation ne va pas se résoudre en un claquement de doigts. « La poursuite de l’approvisionnement (partiel) en gaz russe pendant l’été ne serait pas suffisante (pour arrêter la saignée, NDLR), à notre avis, car les risques de fermeture persisteraient durant l’hiver », continue Saravelos.

Dans l’immédiat, l’euro devrait donc bel et bien continuer sa chute, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les investisseurs.

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