En plus des sauterelles, ‘la plaie’ du coronavirus s’apprête à frapper l’Afrique de l’Est

En proie à une invasion sans précèdent de milliards de sauterelles tigres qui ravagent les cultures et menacent de famine 25 millions de personnes, les pays d’Afrique de l’Est s’apprêtent à devoir faire face à la pandémie de covid-19 et ses conséquences sanitaires et économiques.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rappelé la semaine dernière que la pire invasion de sauterelles tigres, également appelées criquets pèlerins, demeure ‘extrêmement alarmante’, en particulier au Kenya, en Ethiopie et en Somalie où une reproduction à grande échelle est en cours. Des essaims de ces insectes parcourent en effet l’Afrique de l’Est, dévorant toutes les cultures sur leur passage et menaçant la région d’une crise alimentaire sans précédent.

Pour bien comprendre l’ampleur du désastre, il faut se rendre compte qu’un essaim de 40 millions de criquets peut manger en un jour la même quantité de nourriture que 35.000 humains. L’infestation à laquelle fait face l’Afrique de l’Est, ainsi qu’une partie de l’Asie du sud-ouest, impliquent des centaines de milliards d’insectes !

Manufacture, tourisme et construction

Déjà fortement ravagées par ce premier fléau, les économies d’Afrique de l’Est vont désormais également devoir encaisser la pandémie de coronavirus. Le Kenya, l’Éthiopie, la Somalie, Djibouti et le Soudan ont tous signalé des cas de covid-19 et leurs gouvernements respectifs commencent à mettre en place des mesures strictes de restriction sur les voyages et les interactions sociales, rapporte le site de CNBC, et ce dans l’espoir de tuer le virus dans l’œuf avant qu’il ne puisse submerger leurs systèmes de santé.

‘Déjà confronté à un choc des termes de l’échange dû à une infestation dévastatrice de criquets pèlerins – qui nécessite à elle seule un financement d’urgence – le coup porté à l’économie régionale par le secteur agricole et à la sécurité alimentaire sera aggravé par des perturbations à court terme dans les secteurs de la manufacture, du tourisme et de la construction’, a déclaré Irmgard Erasmus, économiste financier principal chez NKC African Economics, dans un rapport publié la semaine dernière et cité par la chaîne américaine. ‘Bien que les effets négatifs sur la main-d’œuvre dans le secteur de la construction soient à ce stade probablement limités, un manque de matériaux pourrait bloquer une croissance robuste dans le secteur de la construction – un moteur dominant de la croissance au cours des cinq dernières années’.

Le poids de la Chine

Mais même si les impacts locaux du coronavirus restent sous contrôle, les économies est-africaines souffriront nécessairement de la pandémie. L’importance systémique acquise par la Chine dans le commerce de cette région ainsi que la demande en berne du géant chinois pèseront fatalement très lourd.

L’Éthiopie et le Kenya ont été plus particulièrement identifiés par NKC African Economics comme pouvant subir d’importants chocs commerciaux en raison de la baisse de la demande chinoise.

Ces deux pays, ainsi que l’Ouganda et la Tanzanie, sont également très vulnérables à un effondrement du tourisme et aux restrictions de vol dans le monde entier.

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