Déconfinement en Allemagne: tout n’est pas si rose

L’Allemagne est souvent citée en exemple dans la lutte contre le coronavirus. Si l’on ne peut que constater son efficacité dans sa politique de tests, ou son faible taux de décès, son déconfinement rapide se fait en ordre dispersé.

Patatras, alors que l’Allemagne a été l’un des premiers pays d’Europe à mettre en place son déconfinement – dès le 20 avril – le taux de contagion repart à la hausse. Il était de 0,7 il y a deux semaines, il était de 1 ce lundi. C’est-à-dire qu’une personne en contamine une autre. Certains scientifiques estiment même qu’il pourrait atteindre les 3,3 avant que 70% de la population ait une potentielle immunité collective. L’équilibre est difficile à trouver pour ne pas saturer les hôpitaux. Ce que l’Allemagne est parvenue à faire jusque-là.

Ce constat a poussé les autorités à réagir, voire même à faire marche arrière sur le déconfinement. Les personnes sont encouragées à rester le plus possible à la maison. D’autant que le taux de létalité, jusqu’ici l’un des meilleurs d’Europe, s’envole lui aussi autour des 3,8%. Ce mardi, l’Allemagne comptait 156.337 cas pour 5.913 décès. Cela reste moins que la Belgique pour une population 7,3 fois moins importante, même si la prudence reste de mise pour les comparaisons (comptage, nombre de tests…).

Le déconfinement n’est pas si simple. Il se fait en ordre dispersé selon les Länders. Certains ont un droit de visite des amis, d’autres non. Idem pour l’ouverture des écoles ou des commerces. Même la distance de sécurité varie selon le lieu. Le fédéralisme allemand, à l’image de celui de la Belgique a ses limites. Mais là où ça donne des mesures différentes chez nos voisins, ici, cela prend la forme de compromis et de décisions lentes.

Mise au point ce jeudi

Tout ceci va mener à une mise au point ce jeudi par la chancelière Angela Merkel. Le but est de remettre un peu d’ordre entre la politique fédérale et celles des Régions. Les prochaines étapes du déconfinement doivent être opérées le 6 mai, et Angela Merkel vise une ligne plus stricte. ‘Ce serait triste à en pleurer que les succès acquis soient réduits à néant dans quinze jours en voulant aller trop vite’, a-t-elle lancé après des manifestations anti-confinement le week-end dernier dans plusieurs grandes métropoles.

Pour la chancelière, chaque dixième du taux de contagion compte: ‘à 1,1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en termes de lits en réanimation d’ici octobre, à 1,2, nous atteindrons les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux à 1,3, nous y arriverons déjà en juin.’

Il est écrit qu’avec le covid-19 rien n’est joué d’avance.

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