Christine Lagarde (BCE) craint une nouvelle crise financière comme en 2008, à raison ?

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, craindrait une nouvelle crise financière si les gouvernements ne prennent pas de mesures pour freiner la propagation du nouveau coronavirus, a-t-elle déclaré mardi lors d’une vidéoconférence avec les dirigeants des 27 pays de l’UE.

C’est en tous les cas ce que rapporte mercredi l’agence de presse Bloomberg, citant des sources proches du dossier. A l’image de la FED américaine ou de la Banque d’Angleterre, la BCE annoncera également des mesures dans le courant de la semaine.

Selon Mme Lagarde, sans intervention coordonnée, l’Europe pourrait être confrontée à un scénario « qui rappellera à beaucoup d’entre nous la grande crise financière de 2008 ». Mais, avec la bonne réponse, les effets du choc ne seraient probablement que temporaires.

La présidente de la BCE aurait en outre déclaré que les décideurs politiques de l’institution allaient examiner tous les instruments dont ils disposent lors de leur réunion sur les taux d’intérêt jeudi.

La BCE va prendre des mesures

Les marchés financiers s’attendent à ce que la BCE propose des mesures de soutien lors de cette réunion. Pour de nombreux économistes, l’institution devrait alors baisser les taux d’intérêt ou élargir éventuellement son programme de rachat d’obligations.

Plusieurs banques centrales ont récemment pris des mesures. La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé mercredi une baisse surprise de ses taux à 0,25% afin d’aider l’économie britannique face au « choc » de l’épidémie de coronavirus. La banque centrale islandaise a également décidé de réduire ses taux d’intérêt. La semaine dernière, la Réserve fédérale américaine, entre autres, avait aussi annoncé une baisse des taux.

‘Deux chances sur trois’

Une crise comme en 2008? C’est aussi l’avis d’un chercheur du CNRS interrogé par Marianne. L’impact du ralentissement de la Chine, qui pèse pour 20 % du PIB mondial, mais aussi l’arrêt forcé de l’Italie pourrait créer un effet d’emballement.

Ajoutez à cela la guerre géopolitique que mènent l’Arabie saoudite, la Russie et les États-Unis sur les prix des produits pétroliers, et vous avez un cocktail explosif.

‘Une crise financière est vraisemblable. Par construction, il est impossible de prédire les mouvements erratiques des marchés financiers, mais je dirais que nous avons deux chances sur trois pour que l’on vive une répétition de 2008. La situation de la pandémie reste en suspens en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, mais le PIB mondial va de toute manière baisser à cause de Covid-19: il faudrait que les marchés financiers soient très résilients et très sages pour que la situation ne dérape pas, ce qui n’a pas été leur caractéristique principale jusqu’à présent.’

Ici, plus question de subprimes, mais bien d’un affaiblissement des États et de leurs finances. Outre la crise financière, c’est une crise bien réelle qui pourrait avoir lieu, ce qui noircit encore un peu plus le tableau. Les carnets de commandes de beaucoup d’entreprises sont vides, les plus faibles d’entre elles devront déposer le bilan. À partir de là, on pourrait connaitre des répercussions en chaînes.

Mais d’aucuns pensent aussi que les marchés se sont fortement emballés ces derniers mois. À cet égard, l’épidémie du coronavirus est une bonne chose pour certains. Ça rééquilibre les marchés et pourrait éviter une crise encore plus importante dans le futur. En outre, les banques centrales sont aux aguets et apporteront leur soutien. Enfin, un redémarrage de l’activité en Chine est attendu, cette crise sanitaire et financière ne pourrait donc être qu’une parenthèse, comme le soutient cette économiste interrogé par Challenges.

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