L’inflation risque de repartir sur un nouveau coup de fouet venu de Chine, alors que le pays se réveille d’un long sommeil sanitaire et que sa demande de matières premières est sur le point d’augmenter. Les banques centrales devront en tenir compte. Mais il s’agit plus de spéculation que d’une réelle crise d’approvisionnement.
La Chine va-t-elle faire jouer à l’inflation les prolongations ?

Pourquoi est-ce important ?
Depuis le ralentissement visible de l'inflation, les marchés spéculaient sur un retour à la normale et une fin progressive des hausses des taux d'intérêt (en 4 étapes). Mais il n'en serait rien, car le dragon se réveille et il compte consommer.Dans l’actualité : la fin des restrictions sanitaires strictes en Chine est le nouveau grand facteur économique dont les effets probables suscitent bien des questions.
- La consommation chinoise va repartir à la hausse avec la fin des restrictions. Au risque d’augmenter les prix à l’échelle mondiale, alors que la soif de matières premières et de carburant du titan asiatique réapparait.
- Une nouvelle hausse des prix des produits de base, comme en au début de 2022, avant que les banques centrales ne s’engagent dans leur parcours de hausse des taux, est une réelle possibilité.
Conséquence : on n’en a probablement pas fini avec les hausses des taux d’intérêt, efficaces contre l’inflation, mais douloureuses pour les marchés.
« Une Chine plus forte augmente les chances d’une Fed obstinément agressive. Avec la Chine, nous avons besoin de plus de tout – si cela entraine une demande suffisante pour que les prix des produits de base se rapprochent de leur niveau du printemps de l’année dernière, alors les progrès que nous avons constatés en matière d’inflation seront beaucoup plus fragiles. À mesure que les consommateurs sont autorisés à sortir de leur appartement et commencent à devenir plus mobiles, la demande d’essence et de kérosène va augmenter. La demande va revenir très rapidement.
Tavis McCourt, stratège en actions institutionnelles chez Raymond James, dans ses Perspectives 2023.
Une tendance durable, ou pas ?
Des matières premières qui repartent à la hausse.
Depuis le début du mois, les prix des métaux repartent à la hausse : le cuivre a augmenté de 12,5%, tandis que l’aluminium a grimpé de 11,7% au cours affiché à la London Metal Exchange.
Mais des risques de contagion limités.
- « Comme la reprise en Chine est davantage portée par la consommation et non par l’investissement, nous voyons des retombées limitées sur l’inflation dans le reste de la région », estime-t-on chez Morgan Stanley, note CNBC.
- « L’équilibre entre l’offre et la demande de biens à l’échelle mondiale a plus d’importance, et comme la demande de biens à l’échelle mondiale continue de se dégonfler, cela limitera encore plus les retombées sur l’inflation dans la région. »
En résumé : les prix montent, car les marchés sont en proie à la spéculation sur les matières premières dont la Chine va avoir besoin en quantité dans un avenir proche. Mais le monde n’est pas en pénurie de métaux pour autant. La situation économique chinoise aura bien un effet, mais celui-ci ne devrait pas faire boule de neige et entrainer l’économie des pays voisins dans une nouvelle avalanche.
La relance chinoise est vue, à ce stade, comme bienvenue pour éviter la récession mondiale. Le danger, c’est que cette relance fasse jouer à l’inflation les prolongations.