La Chine compte sur ce gros moteur pour relancer l’économie : vers un démarrage au quart de tour ?

Après une année patraque, l’économie chinoise est en passe de redémarrer, maintenant que les politiques sanitaires draconiennes ont été abandonnées. Mais quel sera le moteur de la relance, à l’heure où l’Occident, client important, craint la récession ? La Chine verra-t-elle une relance rapide ou plutôt lente et progressive ?

Pourquoi est-ce important ?

Le réveil de la Chine est vu comme une bonne chose pour l'économie et la croissance mondiale. Mais il pourrait aussi donner un coup de jus à l'inflation, notamment via les prix du gaz et du pétrole, qui augmentent avec le regain de la demande en Chine.

Les faits : après environ trois ans, la Chine laisse tomber sa politique zéro-covid.

  • 2022, une année marquée par de nombreux confinements, a eu un impact sur l’économie chinoise. Le PIB affiche une croissance de 3% l’année dernière, soit la moitié de 2021.

L’essentiel : la consommation intérieure, élément-clé de la relance.

« Alors que la demande extérieure diminue en raison d’une récession imminente en Occident, l’économie chinoise doit s’appuyer davantage sur le consommateur. Nous pensons que la réouverture pourrait entraîner une reprise en forme de V des cours des actions des marques de consommation chinoises au début de 2023. Cette reprise pourrait être alimentée par une demande refoulée, une épargne élevée et un effet de richesse avec la reprise des prix de l’immobilier. »

Xiaolin Chen, responsable internationale pour KraneShares, auprès de CNBC
  • La consommation intérieure pourrait en effet être le moteur de la relance en Chine. Et cela via les secteurs des technologies dites propres, des biens de consommation et de la santé, ajoute la spécialiste.
  • Chaoping Zhu de JPMorgan ajoute également les services comme potentiel boost pour l’économie.

Nuance : la récession en Occident reste une hypothèse. Pour l’instant, autant l’économie européenne que l’économie américaine tiennent le coup. Les patrons des grandes banques américaines commencent d’ailleurs à changer leur fusil d’épaule, et à miser sur une récession légère, voire un atterrissage en douceur. Même son de cloche en Europe, où les prix de l’énergie en baisse rendent les observateurs plus optimistes. Bref, si l’Occident ne connaît qu’un ralentissement ou un recul très léger, la Chine pourra toujours compter sur la demande extérieure.

  • Autre nuance : la demande chinoise est en berne dans quelques secteurs, malgré la réouverture. Tesla et Xpeng doivent par exemple brader leurs véhicules électriques pour s’en débarrasser.
  • Et pour le secteur immobilier, Chen parle d’une « nouvelle injection de capitaux ». Mais les prix de l’immobilier sont actuellement encore en baisse (mais moins que le mois précédent). Depuis 2020, le secteur est en crise et connaît des problèmes de liquidités. Les acheteurs ont été refroidis par cette crise et le temps d’attente pour que leur bien soit terminé. Les confinements ont bien sûr aussi joué sur la demande – situation qui peut effectivement s’améliorer maintenant.

Le détail : relance rapide ?

  • Pour les analystes de Citigroup, la relance pourrait être plus rapide qu’on ne le pense. Le fait que la croissance du quatrième trimestre et du mois de décembre ait dépassé les estimations, malgré une augmentation fulgurante des infections au coronavirus suite à la réouverture, leur met la puce à l’oreille.
    • Ils notent surtout « le rebond surprise des ventes au détail et la résilience du marché du travail sont tous deux notables », dans un rapport consulté par CNBC.
  • « Nous voyons les marchés et les décideurs politiques regarder à travers les relevés, car tous les yeux sont rivés sur la force et la durabilité de la reprise post-Covid en Chine – la réouverture se produit plus rapidement et plus tôt, et la reprise pourrait en faire autant », ajoutent-ils.
  • « Malgré la faiblesse, le mois de décembre pourrait être le creux de la trajectoire de la croissance chinoise à court terme. Les indicateurs de haute fréquence indiquent une reprise rapide des activités économiques, car l’infection a probablement dépassé un pic dans tout le pays », estime, de son côté, Chaoping Zhu.

À l’avenir : un problème de croissance de la population.

  • Bien que l’économie soit en bonne position pour redémarrer, elle ne pourra sans doute jamais dépasser celle des Etats-Unis. Ce dépassement a longtemps été vu comme probable, mais le train semble être définitivement parti.
  • En cause : un problème de croissance de la démographie : la population est en déclin. Cela va se faire ressentir au niveau de la demande et de la main-d’œuvre et plafonner le PIB, à terme.
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