Boeing donne 100 millions de dollars aux survivants des crashes impliquant des 737 MAX

Le constructeur aéronautique américain Boeing a annoncé qu’il donnerait 100 millions de dollars sur plusieurs années aux gouvernements locaux et à des organisations à but non lucratif afin de soutenir les familles et les proches des victimes de deux accidents survenus avec l’un de ses appareils. En cinq mois, deux crashes du Boeing 737 MAX survenus en Indonésie et en Ethiopie ont coûté la vie à 346 personnes.

Boeing fait l’objet d’une enquête pénale du ministère de la Justice des États-Unis sur le développement du 737 MAX. Plus de 100 procès ont été intentés par les familles des victimes.

Selon Bloomberg Intelligence, ces poursuites pourraient coûter environ un milliard de dollars à Boeing.Toutefois, des experts juridiques ont expliqué que les paiements pourraient être plus élevés s’il était prouvé que le constructeur était au courant des failles dans les avions avant les tragédies.

Enjeu important

Boeing prévoit de collaborer avec les gouvernements locaux et les organisations à but non lucratif pour déployer ces fonds. En moyenne, les montants versés par Boeing s’élèveraient à 289.000 dollars par victime.

Cette promesse, qualifiée de « premier contact », est un enjeu important pour Boeing, expliquent Rick Clough et Alan Levin, experts aéronautiques pour l’agence de presse Bloomberg. Ces accidents constituent l’une des pires crises de l’histoire pour Boeing. Depuis ces deux tragédies, le constructeur fait l’objet d’une surveillance minutieuse de la part de passagers, d’investisseurs, de clients et d’organismes de réglementation méfiants.

Robert Clifford, un avocat de Chicago qui a intenté une action en justice au nom de 23 victimes du second accident, a qualifié la nouvelle offre de Boeing de « très inhabituelle ». Selon lui, de telles promesses d’assistance après un accident sont souvent accompagnées de conditions et de restrictions importantes. Mais d’après un porte-parole de Boeing, il n’y en aurait aucune dans le cas présent. « L’offre est totalement indépendante des poursuites intentées par les familles », dit-il.

Un porte-parole du cabinet d’avocats Kabateck, représentant les familles des deux accidents, a déclaré que les fonds promis étaient insuffisants. Il a également émis des doutes à l’égard de l’annonce du constructeur.

Boeing a eu du mal à contenir les conséquences des catastrophes qui ont débuté en octobre lorsqu’un avion à réaction Max exploité par Lion Air s’est écrasé dans la mer de Java. Au cours de la deuxième semaine de mars, un avion similaire d’Ethiopian Airlines s’est également écrasé. Depuis lors, les régulateurs du monde entier ont décidé de maintenir l’appareil au sol. Dans les deux accidents, un logiciel visant à éviter les décrochages aérodynamiques a été mis en cause. Cependant, la cause précise de chaque accident n’a pas encore été déterminée.

Pressions

Des enquêtes civiles et parlementaires sur la conception et la certification de l’avion sont en cours.

Depuis le crash de l’avion d’Ethiopian Airlines, l’action Boeing a perdu 16 % de sa valeur. Au moins 46 plaintes ont été déposées par les familles des victimes de l’accident indonésien, et presque autant en Ethiopie.

Ralph Nader, célèbre défenseur des intérêts des consommateurs, a également perdu un membre de la famille dans l’un des crashs. Nader a exercé des pressions pour que l’avion soit définitivement mis hors-service.

Dennis Muilenberg, directeur général de Boeing, a de nouveau présenté ses excuses aux proches des victimes. Il a souligné que la société donnait la priorité à la sécurité. Il a en outre promis de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour garantir une sécurité accrue de l’aéronef. Immédiatement après les accidents, Muilenberg avait l’objet de nombreuses critiques pointant son manque d’empathie. On lui avait reproché une première réaction timide face à ces tragédies.

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