BlackRock estime que pour ces 3 raisons, il n’est pas temps de vous précipiter sur les marchés d’actions

« Buy the dip ! », la formule est connue. Mais a-t-on vraiment atteint le plancher, c’est la question que tous les investisseurs se posent ? BlackRock ne le pense pas.

En cette période inflationniste, les réponses des banques centrales inquiètent tous les marchés, qui ont connu une nouvelle chute ce lundi. Après le Nasdaq, c’est au tour du S&P 500 de connaitre une situation de bear market.

Chaque investisseur qui possède des liquidités est en plein doute : est-ce le moment de placer ses billes ? Le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, BlackRock, ne le pense pas, pour ces 3 raisons:

1. Les bénéfices des entreprises sont surévalués

« Les marges bénéficiaires ont marché vers le haut pendant deux décennies. Nous voyons maintenant des risques croissants à la baisse. Nous nous attendons à ce que la crise de l’énergie affecte la croissance et que la hausse des coûts de la main-d’œuvre réduise les bénéfices. Le problème, c’est que les estimations de bénéfices consensuelles ne semblent pas en tenir compte », a déclaré BlackRock, cité par Business Insider.

Pour l’heure, les dernières estimations prévoient une croissance des bénéfices de 10% pour les entreprises du S&P 500 en 2022. « C’est beaucoup trop optimiste », explique BlackRock. « Les actions pourraient glisser davantage si les pressions sur les marges augmentent. La baisse des coûts comme la main-d’œuvre a conduit à l’expansion des bénéfices sur plusieurs décennies. Jusqu’à présent, les coûts unitaires de main-d’œuvre n’ont pas beaucoup augmenté. Nous assistons à des hausses des salaires corrigées par l’inflation pour inciter les gens à revenir au travail. C’est bon pour l’économie, mais mauvais pour les marges des entreprises. »

BlackRock fait ici référence à la spirale salaire-prix. L’inflation alimente l’augmentation des salaires qui alimente l’inflation. De cette manière, le pouvoir d’achat est protégé, mais au détriment des coûts pour les entreprises, qui, in fine, reporteront sans doute ce coût sur les consommateurs. Mais ce laps de temps crée une distorsion. C’est encore plus vrai en Belgique, où il y a une indexation automatique des salaires, ce qui fait perdre à nos entreprises de la compétitivité par rapport aux entreprises des pays voisins qui n’ont pas un tel mécanisme automatique.

2. La Fed va relever les taux de manière plus forte que ce qui était prévu

C’est la grande crainte des marchés. Les chiffres de l’inflation pour mai, à 8,6%, ont été plus importants qu’estimé. Ce qui fait craindre une augmentation des taux d’intérêt plus forte par la Fed, de 50 à 75 points pour le mois de juillet. Une décision de la Fed est attendue à ce sujet ce mercredi.

BlackRock, au même titre que Barclays ou Jefferies, fait clairement partie des pessimistes à ce sujet, et pense qu’il est préférable d’attendre : « Nous ne tapons pas sur la table pour acheter des actions en ce moment en raison d’un risque croissant que la Fed ne resserre trop [sa politique] – ou que les marchés croient qu’elle le fera, du moins à court terme. Des signes d’inflation persistante, comme le rapport sur l’IPC de la semaine dernière, peuvent alimenter ce dernier risque. »

3. Les actions ne sont pas forcément bon marché

« Les actions n’ont pas été tellement moins chères, selon nous. Pourquoi ? Les valorisations ne se sont pas vraiment améliorées après avoir pris en compte la baisse des perspectives de bénéfices et l’accélération du rythme prévu de la hausse des taux. La perspective de taux encore plus élevés augmente le taux d’actualisation attendu. Des taux d’actualisation plus élevés rendent les flux de trésorerie futurs moins attrayants », justifie BlackRock. Comprendre: les actions pourrait bientôt devenir encore meilleur marché.

BlackRock ne voit qu’un signal réellement déterminant pour recommencer à investir à long terme: le moment où la hausse des taux d’intérêt créera un réel risque de récession et de hausse du chômage. À ce moment-là, la pression deviendra trop forte sur la Fed, ce qui signera la fin de la montée des taux, pense BlackRock.

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