Quatre pays de l’UE tentent une dernière fois d’empêcher le gaz et le nucléaire d’obtenir le label vert

Le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et la Suède ont adressé un dernier appel à la Commission européenne pour qu’elle n’accorde pas le label d’investissement vert aux projets de gaz naturel. C’est ce que rapporte l’agence Bloomberg.

Pourquoi est-ce important ?

Des milliards de subventions sont en jeu pour les investissements futurs via le Green Deal européen. Le plaidoyer de ces quatre pays souligne une fois de plus la division au sein de l'Union concernant les sources d'énergie à privilégier pour la transition énergétique.

La Commission doit approuver mercredi une proposition visant à qualifier le gaz et l’énergie nucléaire de « verts ». Mais cela n’est pas du goût de quatre nations, qui écrivent à Mairead McGuinness, commissaire européenne chargée de la stabilité financière.

Les investisseurs boudent les projets gaziers

« Le manque de preuves scientifiques pour l’inclusion du gaz fossile dans la taxonomie devrait conduire à un réexamen de la proposition de la Commission européenne », écrivent les ministres suédois, danois, autrichien et néerlandais de l’Energie. « Nous demandons à la Commission européenne de ne pas inclure les activités liées aux gaz fossiles comme renouvelables dans la taxonomie actuelle, tant que ces activités ne sont pas soumises aux mêmes normes que les autres technologies énergétiques. »

Pas plus tard que la semaine dernière, la Sustainable Finance Platform, l’un des deux groupes d’experts consultés par la Commission, a désapprouvé les plans relatifs au gaz car ils pourraient compromettre l’objectif de neutralité climatique de l’UE d’ici 2050.

Un nombre croissant d’investisseurs et de banques, dont la Banque européenne d’investissement, ont également déclaré qu’ils éviteraient très probablement d’inclure des projets liés au gaz dans leurs portefeuilles.

Une crise énergétique sans précédent

La crise énergétique sans précédent que traverse l’Europe a mis en évidence les défis que représente l’abandon progressif des combustibles fossiles et de l’énergie nucléaire. Par exemple, les combustibles fossiles représenteront encore 37% de la production d’électricité du bloc en 2021, selon les données du Financial Times.

La production liée aux énergies renouvelables ne semble toujours pas suffisante pour remplacer les sources d’énergie plus traditionnelles. Le gaz est dès lors considéré comme un moyen d’aider des pays comme la Pologne à s’affranchir du charbon, qui est encore plus polluant.

Les objections autrichiennes, néerlandaises, danoises et suédoises n’empêcheront pas la Commission d’attribuer un label vert à certains projets gaziers et nucléaires, rapporte Bloomberg.

Pour obtenir ce label, les projets devront être approuvés d’ici à 2030 (gaz) et 2045 (nucléaire) et répondre à une série de critères en matière d’émissions et de transition, tels que le remplacement des centrales électriques au charbon.

Veto

Une fois la proposition approuvée par la Commission, les États membres et le Parlement européen auront la possibilité de la rejeter, mais la barre est haute. Il faudrait qu’au moins 20 des 27 États membres de l’UE – représentant jusqu’à 65 % de la population de l’État – s’unissent contre les règles de taxonomie pour les faire échouer.

Une majorité simple au Parlement peut aussi suffire, mais cela semble là aussi assez peu probable.

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