Le vent pour contrer les pénuries de gaz ? La plus grande ferme éolienne offshore au monde est entrée en service

La Grande-Bretagne peut se targuer de posséder la plus grande ferme à vent au monde, et celle-ci pourrait encore bien s’agrandir. La technologie des éoliennes offshore arrive à maturité, et de nombreux pays planchent sur des chantiers titanesques. Au Royaume-Uni, c’est 4% de la consommation d’énergie qui sera prise en charge par les gigantesques turbines de Hornsea.

Si les manquements de l’approvisionnement en gaz qu’a connu l’Europe il y a quelques mois ont relancé les débats sur le nucléaire dans beaucoup de pays, ils ont aussi stimulé le développement de nouvelles infrastructures. Et un peu partout dans le monde, le secteur éolien offshore est en train de prendre une ampleur non négligeable dans l’équilibre énergétique. En Grande-Bretagne, notamment : la ferme à vent Hornsea 2, ancrée en mer du Nord au large de la côte orientale d’Albion, vient de produire ses premières étincelles d’énergie. C’est la plus grande installation éolienne offshore au monde, et ce même sans prendre en compte son installation-sœur Hornsea 1, qui avait déjà obtenu ce record à elle seule.

De quoi alimenter 3 millions de foyers

Le parc éolien de Hornsea est un gigantesque chantier offshore qui s’étend sur une zone de plusieurs centaines de km² et dont les premières fondations ont été installée en 2018. La première phase du projet est fonctionnelle depuis 2020, et regroupe déjà 174 éoliennes Siemens Gamesa de 7 MW de puissance, 190 m de hauteur en bout de pale et des rotors qui font 154 m de diamètre.

Quant à Hornsea 2, dont la mise en service était estimée pour l’année prochaine, il vient d’être connecté au réseau et une première turbine produit déjà de l’énergie. Il ainsi ajoute 165 nouvelles éoliennes de 8,4 MW, qui fourniront 1 386 MW supplémentaire à la Grande-Bretagne. Les fermes à vent de Hornsea 1 et 2 devraient, à terme, fournir 4% de l’énergie nécessaire au royaume, soit de quoi alimenter 3 millions de foyers.

Et ce n’est pas terminé : Une troisième phase de 231 éoliennes pour une puissance de 2 400 MW est en projet, voire, pourquoi pas, une quatrième. De quoi rassurer une population britannique durement touchée par les pénuries d’énergie et de carburant en octobre dernier, ce qui avait encore aggravé les nombreux problèmes d’approvisionnement dus tant à la pandémie de coronavirus que, à l’échelle de la Grande-Bretagne, au manque de main-d’œuvre étrangère suite au Brexit.

Parier sur le vent, de la Chine à l’Islande

Mais Hornsea n’est pas la seule ferme à vent géante en chantier, et la concurrence sera rude pour garder son statut de plus grand champ d’éoliennes offshore au monde. Car les Chinois sont sur le coup avec Jiangsu Qidong, qui a aussi atteint son plein potentiel quelques jours après Noël. Cette ferme à vent, la plus grande de Chine, totalise 802 MW, soit bien moins que Hornsea, mais elle est quand même deux fois plus grande que les autres fermes européennes. Alors que les parcs éoliens européens et nord-américains ont l’habitude de standardiser en utilisant une seule taille et une seule marque d’éolienne pour réduire les coûts, Jiangsu Qidong a pris la direction opposée, en utilisant sept modèles de quatre fabricants.

D’autres pays sont sur la brèche : le Danemark, la Corée du Sud, mais aussi l’Islande, qui envisage un projet titanesque à 30 milliards de dollars. Car l’énergie éolienne a le gros défaut d’être très chère en termes d’infrastructure, pour des rendements qui ont le gros désavantage d’être intermittents. Or, le régime des vents fait que, bien souvent, les éoliennes à terre tournent quand celles en mer – plus imposantes – sont à l’arrêt. De quoi complexifier le recours au vent dans l’espoir de dépasser notre dépendance au fossile.

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