Taïwan a confiance en ses défenses: une attaques chinoise ne se ferait « qu’à très haut risque »

Un rapport du ministère de la Défense de l’île se veut rassurant : le détroit reste le meilleur rempart face à une invasion. Celle-ci pourrait tourner au désastre pour l’armée communiste si les soldats taïwanais tiennent les ports et les aérodromes, rendant ainsi très difficile l’acheminement de renforts depuis le continent.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis deux ans, les tensions semblent grimper d'un cran chaque semaine entre l'île de Taïwan et la République populaire de chine, pour qui elle n'est qu'une province sécessionniste. Les Chinois testent en permanence les réactions des défenses aériennes taïwanaises et des troupes se massent sur le continent, face au détroit. Les deux pays qui se réclament de la Chine unie sont sur le pied de guerre.

Pour les Taïwanais, savoir si la Chine continentale va tenter de les envahir est une question qui ne se pose pas. Celle qui importe, c’est quand cette attaque aura lieu. Et les signes avant-coureurs sont bien là : Pékin met la pression sur Taipei avec un harcèlement aérien permanent dans sa zone d’identification de défense aérienne, jouant avec les nerfs des pilotes et des garde-côtes.

Le détroit protecteur

Mais le ministère taïwanais de la Défense se veut confiant : il a assuré dans un récent rapport que les défenses de l’île infligeraient de lourdes pertes aux troupes chinoises, faisant de toute attaque une entreprise à très haut risque. « L’armée nationale a l’avantage que le détroit de Taïwan est un fossé naturel et peut mener des opérations d’interception conjointes, coupant les approvisionnements de l’armée communiste, réduisant sévèrement l’efficacité au combat et l’endurance des forces de débarquement », assure le rapport fourni au gouvernement taïwanais.

Celui-ci rappelle aussi que l’Armée populaire de Libération (APL), le bras armé de Pékin, ne possède pas encore de capacités de débarquement suffisantes, et devrait recourir à des navires nécessitant des infrastructures portuaires, ainsi qu’à des aérodromes pour poser ses avions de transport. « Cependant, l’armée nationale défendra fortement les ports et les aéroports, et il ne sera pas facile de les occuper rapidement. Les opérations de débarquement seront confrontées à des risques extrêmement élevés. »

En d’autres termes, le ministère de la Défense compte d’abord sur la capacité de Taïwan a frapper durement toute flotte ennemie dans le détroit, puis de défendre ses ports et ses pistes d’atterrissage pour rendre très difficile le ravitaillement en troupes et en matériel d’une éventuelle tête de pont de l’APL. C’est la stratégie du porc-épic : Si mettre le pied sur Taïwan reste envisageable pour Pékin, alors Taipei lui promet un coût, y compris humain, prohibitif.

La stratégie du porc-épic

De quoi faire hésiter le Parti communiste chinois, espère-t-on sur l’île, qui mise aussi beaucoup sur le troisième pilier de sa défense, qui est aussi peut-être le moins assuré: le soutien de ses alliés, le Japon et, surtout, les États-Unis. Le rapport du ministère de la Défense rappelle ainsi qu’une invasion chinoise pourrait se faire couper de son ravitaillement par une flotte amie et que les Chinois continentaux ne pourront jamais engager toute leur immense armée dans une attaque ; le pays a besoin de garder des réserves face à d’éventuels dangers venus d’ailleurs. Reste toutefois à espérer que ces alliés répondent à l’appel, mais cette simple possibilité est un frein en plus pour Pékin qui pourrait donc opter pour une autre stratégie que l’attaque frontale : des frappes de missiles ou un blocus de l’île. Ce qui serait toutefois fort dommageable pour son image à l’international.

240 milliards de dollars pour l’armement

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a entamé un programme de modernisation militaire visant à rendre l’île plus difficile à attaquer, en rendant l’armée plus mobile et en la dotant d’armes de précision, comme des missiles à plus longue portée, afin d’anéantir en mer une force d’attaque.

Le gouvernement prévoit de consacrer 240 milliards de dollars taïwanais (8,66 milliards de dollars américains) supplémentaires aux dépenses militaires au cours des cinq prochaines années, principalement pour les armes navales, y compris les missiles et les navires de guerre.

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