73 jours de réserves de céréales pour la planète entière : raison de plus de passer aux protéines végétales

Alors que Moscou semble bien utiliser les stocks de nourriture bloqués en Ukraine comme une arme pour riposter aux sanctions économiques internationales, les aléas du climat rendent l’approvisionnement encore plus incertain dans certaines parties du monde, en particulier en Asie du Sud Est.

Selon Steve Howard, de Temasek, le fonds souverain de Singapour, des vagues de chaleur extrême affectent la production alimentaire en Inde, et il estime que les réserves de céréales ne pourront subvenir aux besoins mondiaux que pendant environ 73 jours, soit seulement « quelques mois de sécurité alimentaire pour le monde entier ». Il a ajouté que les personnes à faible revenu sont particulièrement vulnérables à la hausse des prix des denrées alimentaires. Déjà, de nombreux pays se sont tournés vers le protectionnisme alimentaire et ont limité, voire bloqué, leurs propres exportations afin d’assurer leur approvisionnement intérieur. C’est le cas de l’Indonésie pour l’huile de palme, mais aussi de la Malaisie, grande exportatrice de poulets vers toute l’Asie.

80% des céréales destinées à l’élevage

Face aux risques de pénurie, Steve Howard appelle sur CNBC à prendre des mesures au plus vite, tant à l’échelle individuelle que structurelle. Et pour lui, favoriser une alimentation plus végétale est une étape obligatoire: alors qu’environ 18 % des calories consommées par l’humanité proviennent des animaux d’élevage, ceux-ci utilisent, directement ou indirectement, jusqu’à 80% des terres agricoles. Sur certains marchés, 80 % des céréales sont destinées au bétail, a-t-il déclaré. Des ressources parfaitement comestibles qui peuvent être détournées de l’élevage si les habitudes de consommation changent: « Plus de protéines d’origine végétale, plus de protéines alternatives – cela peut vraiment renforcer la sécurité alimentaire. »

Solutions technologiques

Bien sûr, un changement de régime alimentaire ne fera pas tout, et d’autres voies sont nécessaires pour garantir l’approvisionnement alimentaire mondial. Comme une plus grande diversification des cultures, mais aussi l’usage de nouvelles technologies pour augmenter les rendements, comme l’usage de véhicules électriques dans les champs, le déploiement de panneaux solaires en milieu rural, le stockage de l’énergie, ou encore le développement et la mise en culture de nouvelles protéines végétales. Un domaine qui, d’ailleurs, intéresse beaucoup la NASA.

Naturellement, pour cela, il faut investir. Mais Howard est plutôt optimiste: « Les gens cherchent encore à déployer du capital dans cet environnement. Il y a trois ou quatre ans, la plupart des marchés de capitaux étaient endormis sur le climat et n’agissaient pas vraiment de manière significative. Aujourd’hui, les marchés des capitaux font la queue. »

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