Vos petits frères et petites sœurs vont enfin pouvoir se payer des cartouches de retro-gaming

Alors que les jeux vidéo dématérialisés gagnent du terrain dans le gaming, de nouvelles cartouches de jeux destinées à de vieilles consoles poussiéreuses sont à nouveau publiées aujourd’hui, plusieurs dizaines d’années après leur sortie initiale. De quoi booster un marché déjà très populaire, celui du retro-gaming.

Depuis quelques années, le marché du retro-gaming, mêlant vieilles consoles et jeux vidéo oubliés, connait une popularité croissante. L’occasion pour certains de découvrir ou de redécouvrir les classiques du jeu vidéo, mais l’explosion de la demande pour des exemplaires limités a eu pour conséquence de faire grimper les prix. Aujourd’hui, être fan de retro-gaming est un luxe que beaucoup ne peuvent s’offrir, et ce, malgré le fait qu’il existe des solutions légalement obscures pour contourner le problème.

Une opportunité lucrative

À mesure que le retro-gaming gagnait en popularité, flirtant parfois avec le devant de la scène, certains y ont vu l’occasion de se faire de l’argent. Bon nombre de collectionneurs se sont spécialisés dans la recherche d’exemplaires extrêmement rares, afin de gagner en notoriété ou simplement de les vendre aux enchères. Avec beaucoup (beaucoup) de chances, il est même possible de se faire un véritable pactole. Une cartouche Super Mario 64 a été récemment adjugée 1,5 million de dollars aux enchères. Mais ce cas reste tout de même extrêmement rare.

La popularité du retro-gaming n’a pas manqué aux constructeurs de consoles qui, désireux d’avoir leur part du gâteau, se sont attelés à proposer des versions modernisées de leurs vieilles consoles ; PlayStation, Super Nintendo, NES, Atari ou encore Commodore 64. Les versions mini de ces consoles intègrent un catalogue de jeux exclusifs cultes de leur époque. Il n’est donc pas nécessaire d’acheter de nouveaux titres compatibles.

Pourtant, de nouvelles cartouches destinées à des stations de jeux datées sont encore publiées aujourd’hui. Comment expliquer cela ? D’autant plus qu’aujourd’hui, les éditeurs et développeurs n’hésitent pas à surfer sur la vague de la nostalgie en proposant des remakes de titres cultes : Resident Evil I & II, Final Fantasy VII ou encore Oddworld : New ‘n’ Tasty, pour ne citer qu’eux.

Les jeunes à la recherche de cartouches physiques

Si ces remakes sont particulièrement réussis pour la plupart et permettent de faire découvrir à la jeune génération des titres qui ont marqué notre enfance, ils ne remplaceront jamais les originaux. Ils ont une saveur particulière. C’est sans doute pourquoi le retro-gaming est toujours plus populaire aujourd’hui. Mais la nostalgie ne fait pas tout. A l’image des jeunes qui s’intéressent aux classiques du cinéma, les jeux vidéo de l’âge d’or du gaming intriguent eux aussi les jeunes.

Or, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, le nombre limité d’exemplaires en circulation a tendance à gonfler les prix, à mesure que la demande croît. Mais l’engouement pour les jeux vidéo d’antan a en quelque sorte donné naissance à une nouvelle spécialisation pour les éditeurs. Plusieurs sociétés de jeux vidéo se sont en effet spécialisées dans la réédition de vieux jeux vidéo ou dans la distribution de titres disponibles uniquement en version dématérialisée.

C’est ainsi que, plus tôt cette année, deux anciens développeurs du mastodonte Activision, Garry Kitchen et David Crane, ont annoncé qu’ils allaient publier des titres inédits sur Atari 2600, une console de jeu produite entre 1977 et 1992, rappelle The Guardian.

Un phénomène qui reste tout de même étonnant. Pourtant, « le marché n’est pas du tout mort pour ces [vieilles] consoles. Il y a beaucoup de demandes, et elle ne fait que croitre », a déclaré Josh Fairhurst, directeur de Limited Run, société spécialisée dans la distribution de jeux physiques sortis à l’origine uniquement au format numérique.

Les jeux vidéo physiques, un objet à part

Pour que le retro-gaming puisse persister, de nouvelles cartouches sont nécessaires tant pour permettre à tout un chacun d’en profiter indépendamment de leur portefeuille que pour répondre à la demande de jeux vidéo en tant qu’objet physique. Si les jeux vidéo numériques prennent de l’ampleur – boostés par le cloudgaming – , bons nombre de joueurs continuent de préférer les jeux physiques et pas seulement les joueurs plus âgés.

« Les nouvelles générations veulent revenir en arrière et découvrir les classiques et les posséder. Il y a des collectionneurs de jeux nés tous les jours », assure Fairhurst. De nombreux joueurs sont encore très attachés à la forme physique des jeux vidéo, car cela leur confère une authenticité. Cela protège également le jeu puisqu’il continuera d’exister même si ses développeurs mettent la clé sous la porte.

Pour le directeur de Limited Run, produire de nouvelles cartouches rendra les jeux accessibles au plus grand nombre. Les faits parlent d’eux-mêmes. Une copie originale du jeu Shantae sortie en 2002 sur GameBoy Color se vend aujourd’hui environ 600$, alors qu’une nouvelle cartouche du jeu, distribuée par Limited Run, ne coute qu’une fraction de cette somme.

On peut facilement faire le lien entre l’attrait pour les jeux vidéo en tant qu’objet physique et celui pour les vinyles. Ces derniers connaissent une hausse de popularité depuis quelques années, et ce, en dépit de l’explosion du streaming musical.

De nouvelles opportunités

La montée en puissance du retro-gaming et de la publication de nouvelles cartouches, c’est l’occasion de sortir des projets annulés juste avant leur sortie. La société Strictly Limited a récemment sorti Ultracore sur la Mega Drive. Développé par les Suédois de Dice (Battlefield), le jeu a été annulé en 1994 par son éditeur juste avant son lancement.

De nouveaux titres peuvent également voir le jour sur les vieilles consoles, car ils nécessitent moins de ressources pour être développés. Créer un jeu vidéo sur la MegaDrive ou l’Atari 2600 est plus accessible pour des amateurs ou des passionnés aux moyens limités que sur la PS5 ou la Xbox Series X.

Evidemment, bien que le retro-gaming soit en vogue, il reste encore aujourd’hui un marché de niche, surtout pour les nouvelles cartouches inédites destinées aux consoles poussiéreuses. Les tirages sont limités, car les marges le sont tout autant puisque ces gens n’attirent pas autant les foules que le dernier Call of Duty ou Halo.

Il est d’ailleurs difficile de chiffrer les parts du retro-gaming dans l’industrie du jeu vidéo, et ce, en grande partie parce que les transactions se font principalement entre particuliers et collectionneurs. Mais les montants auxquels s’arrachent certains exemplaires de cartouches extrêmement rares ou même le prix de certaines vieilles consoles laissent penser que ce marché pèse plusieurs millions de dollars.

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