Syndicat Neutre des Indépendants: ‘Prolonger le moratoire sur les faillites est absolument nécessaire’

Le moratoire sur les faillites doit prendre fin ce 17 juin. Sa prolongation sera discutée ce vendredi au sein d’un superkern qui s’annonce animé. Du côté des syndicats des entreprises et des indépendants, on met évidement la pression pour aller au-delà de la date butoir. Le 31 décembre est avancé.

Pour notre interlocutrice, il est clair que la prolongation de ce moratoire ‘est absolument nécessaire pour éviter les faillites’ explique Christine Mattheeuws, la présidente du SNI.

Mais pourquoi ce dossier bloque-t-il ? ‘On vit dans une Belgique compliquée, c’est le moins que l’on puisse dire. Le gouvernement était pour, par contre, maintenant, le dossier n’est plus aux mains du gouvernement. C’est le Parlement qui doit se pencher dessus.’

C’est plus compliqué que ça. Si la plupart des experts du gouvernement se montrent en faveur d’une prolongation, le politique bloque, notamment du côté libéral. Une situation quelque peu paradoxale alors que ces entreprises et indépendants forment en grande partie son électorat.

Effets pervers

À La Libre, des voix expliquent que ce soutien aux entreprises peut avoir des effets pervers. Et, à terme, créer la zizanie entre les entreprises. Car certaines d’entre elles pourraient être privilégiées avec des effets de concurrence déloyale. Ce moratoire ne servirait qu’à reporter le problème pour une partie de ces entreprises en difficulté.

De plus, ces entreprises, que l’on qualifie parfois péjorativement d’entreprises zombies, car sous assistance respiratoire, peuvent mettre en danger la relance. Avec des effets négatifs plus importants à long terme que si on n’avait pas agi.

La présidente du SNI botte toutefois quelque peu en touche: ‘On espère vivement qu’une fois que toutes les primes sont effectivement payées, que toutes les mesures de soutien sont sur le compte de l’entreprise, et qu’ensuite elle peut redémarrer et avoir ses propres revenus, ça va sauver pas mal d’indépendants.’

Combien risquent la faillite d’ailleurs ? ‘Entre 20 et 40% en plus selon les secteurs’, conclut la présidente du Syndicat Neutre des Indépendants.

Débats animés pour un dossier compliqué

Face à ce danger, les socialistes et les écologistes sont, eux, plus en faveur d’une prolongation du moratoire. Conscients de certains effets pervers de cette mesure, ils estiment que la situation d’urgence dans laquelle ces indépendants se trouvent justifie le geste.

Rien ne sera simple et le débat risque d’être tendu. Car la justice s’en mêle. Aussi, ce moratoire fait partie d’un plan plus large, soutenu par le ministre des Finances, Alexander De Croo (Open VLD), qui est en première ligne dans ce dossier. Les mesures, quelles qu’elles soient, devront être mieux ciblées et bénéficier davantage au PME, ce qui n’avait pas été le cas du bazooka bancaire dans sa première formule.

Médiation anti-faillite chapeautée par des experts, déduction des pertes anticipées, mesures sur la solvabilité… chacun y va de son remède miracle.

Autre proposition brûlante de la part du PS: pour éviter les 250.000 pertes d’emplois envisagées pendant la crise, un moratoire sur les licenciements jusqu’au 31 octobre est suggéré. Impensable, estime-t-on, du côté libéral et de l’Open VLD.

Quand on vous disait que les discussions seraient animées.

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