Elon Musk trahit l’Europe : Twitter risque-t-il d’être banni du vieux continent ?

À quoi joue Elon Musk avec Twitter ? Difficile de ne pas se poser la question, car si l’homme a promis tout un tas de choses lors de son rachat du réseau social, notamment de promouvoir la liberté d’expression et de rester dans les rangs à l’Europe, sa gestion de l’entreprise plus d’un an après son achat laisse sérieusement à désirer et cela pourrait empirer.

L’actualité : Elon Musk a décidé la semaine dernière de retirer Twitter du Code européen de bonnes pratiques contre la désinformation.

  • Une décision qui n’a pas manqué de faire réagir du côté des régulateurs européens, d’autant plus que le PDG de Twitter avait assuré à plusieurs reprises que le réseau social continuerait de respecter la loi en la matière sous sa direction.

À noter : l’affiliation à l’Alliance européenne contre la désinformation repose sur un engagement purement volontaire et n’implique pas de sanction en cas de manquement. Se retirer délibérément de l’Alliance n’envoie cependant pas un bon signal.

Un coup de poignard pour l’Europe

En agissant ainsi, Elon Musk fait un bras d’honneur à l’Europe, car il ne s’est pas contenté de faire comme bon lui semblait et de ne pas respecter le Code, il a préféré envoyer un message fort au vieux continent et tout particulièrement au commissaire européen Thierry Breton. Ce dernier s’était fortement impliqué dans l’acquisition de Twitter pour le compte de l’UE et avait assuré avoir obtenu des garanties fortes de la part du nouveau PDG vis-à-vis de divers domaines, dont la désinformation.

  • « Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher. Au-delà des engagements volontaires, la lutte contre la désinformation sera une obligation légale en vertu de la DSA à partir du 25 août », a réagi Thierry Breton sur Twitter.
    • À cette date, le Digital Services Act entrerait effectivement en vigueur, imposant toutes sortes de règles strictes aux géants du web, avec des amendes à la clé en cas de manquement.
    • Le DSA vise à responsabiliser les services numériques vis-à-vis des contenus postés sur leurs plateformes. Ils seront contraints de lutter contre les contenus illicites, dont la désinformation, et d’être plus transparents à plusieurs niveaux.

Une première réponse de la France

La réaction de nos voisins français face à ce bras d’honneur ne s’est pas fait attendre. Outre la menace de Thierry Breton, le ministre délégué français en charge du numérique, Jean-Noël Barrot, a assuré ce lundi sur France Info que la France était prête à bannir Twitter s’il refusait de se soumettre aux règles du DSA.

Une menace qui pourrait valoir pour l’ensemble de l’Union européenne, mais y a-t-il une chance qu’elle soit mise à exécution ?

  • À l’heure actuelle, difficile d’imaginer un tel châtiment, mais l’entrée en vigueur du DSA le 25 août prochain pourrait changer la donne. Le potentiel d’actions de l’UE en cas d’infraction sera élargi.
  • Si l’Union européenne dispose d’un cadre légal pour sanctionner Twitter en cas d’infractions à coup d’amendes importantes, mais aussi de suspension, on doute que l’UE puisse se lancer dans un bras de fer avec l’excentrique Musk.
  • Outre le fait que cela pourrait la rendre particulièrement impopulaire auprès des millions d’utilisateurs européens, sa décision pourrait être facilement contournée à coup de VPN.

Lueur d’espoir : l’arrivée prochaine de Linda Yaccarino à la tête de Twitter dans les prochaines semaines pourrait atténuer les tensions entre la société américaine et l’UE, en espérant qu’elle se montre plus ouverte à la discussion que l’actuel PDG. Une chose est sûre, elle aura du pain sur la planche à son arrivée au poste.

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