Trump fait le ménage au Pentagone pour asseoir son pouvoir: le coup d’État est même envisagé

Au cours de ces derniers jours, Donald Trump a licencié des cadres supérieurs du Pentagone, dont le ministre de la Défense Mark Esper. Il les a remplacés par des loyalistes, alors qu’il continue à refuser d’admettre sa défaite électorale et qu’il sabote la transition présidentielle de Joe Biden.

Trump persiste à dire, sans aucune preuve à l’appui, qu’il a gagné les élections, prétextant que la victoire de Joe Biden n’est que le fruit d’une ‘fraude électorale généralisée’

Et l’ancienne star de la téléréalité ne s’arrête pas là. Son armée d’avocats a pris les tribunaux d’assaut dans presque tous les États où il conteste les résultats des votes. De nombreuses poursuites ont toutefois été déclarées irrecevables. Il n’y a que dans l’État de Géorgie qu’un recomptage manuel a été annoncé.

Pour que Biden puisse préparer sa transition à la présidence, l’Administration des services généraux doit reconnaître sa victoire électorale. Seul bémol (et pas des moindres) la cheffe de cette administration, Emily Webster Murphy, s’y refuse. Ce faisant, elle bloque les millions de dollars que le gouvernement doit attribuer au vainqueur de l’élection dans le cadre de la transition. 

Les loyalistes au Pentagone

Même si ces faits sont alarmants, ce qui inquiète le plus la scène internationale, c’est le gros coup de nettoyage que Trump vient d’effectuer au Pentagone, renforçant ainsi son emprise sur l’armée. Mardi matin, Trump a renvoyé son ministre de la Défense, Mark Esper… via Twitter. Ce dernier a été remplacé par l’inexpérimenté, mais fidèle Christopher Miller. Ce licenciement fut alors le premier d’une longue série : plusieurs hauts responsables du Pentagone ont été remerciés un à un. Mardi soir, quatre hauts responsables de la Défense et des Renseignements militaires ont été remplacés par des adhérents de Trump.

Toutes ces nouvelles têtes ont évoqué les théories de conspiration les plus folles. On se souvient notamment d’Anthony Tata, le tout nouveau vice-ministre de la Défense, qui a dans le passé qualifié Obama de ‘leader terroriste’. L’été dernier, l’ancien commentateur de Fox News avait même été rejeté par le Sénat (pourtant dominé par les républicains), notamment pour la récurrence de ses remarques islamophobes.

Selon la presse américaine, Trump prévoit également de licencier ses chefs des services des renseignements , et les directeurs du FBI et de la CIA . Ces derniers ne lui auraient pas accordé assez de soutien durant sa campagne électorale.

Les politiciens démocrates s’inquiètent de la situation qu’ils ont qualifiée de ‘carrément dangereuse’: ‘Il est difficile de surestimer le danger d’un changement aussi important, à un si haut niveau, cela en pleine période de transition’, a déclaré Adam Smith, qui siège à la Commission de la défense de la Chambre des représentants.

Un coup d’État?

Les observateurs évaluent aussi sérieusement la situation. L’écrivain mondialement connu, Timothy Snyder, parle sans hésiter de ‘coup d’État’. Selon l’historien de Yale, la société civile doit s’opposer à cette évolution par tous les moyens, tant que ces derniers ne sont pas violents. ‘Prétendre qu’une élection n’était pas valable est une revendication pour rester au pouvoir. Un coup d’État est en cours et le nombre de participants à ce coup d’État ne diminue pas, il augmente’. Snyder ne mâche pas ses mots mais selon lui, il ne faut pas sous-estimer la situation. 

Certains has been républicains, comme George Bush et Mitt Romney, et certains députés d’arrière-plan, ont déjà dénoncé ce refus de concéder la victoire à Biden.

Mais les chefs de groupe des deux Chambres du Parlement américain, le secrétaire d’État Mike Pompeo, le secrétaire à la justice William Barr, le sénateur Lindsey Graham, … Tous ont soutenu Trump pendant quatre ans dans toutes ses pitreries politiques, et ils continuent de le faire maintenant qu’il refuse de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle.

La stratégie du chaos

Mais quel est le but ultime de Trump? Il a déjà prouvé qu’il n’hésiterait pas à déployer des troupes pour faire avancer son programme politique. Il avait aussi marqué sa volonté de mobiliser des troupes contre les manifestants du Black Lives Matter, mais le ministre de la Défense, Mark Esper avait alors refusé de coopérer, ce qui lui a coûté sa tête. 

Cet été, le président avait même envoyé des troupes à la frontière du Mexique, car le nombre de migrants passant la frontière risquait d’augmenter.

Il est peu probable que Trump mobilise l’armée de la sorte pour rester au pouvoir : il est peu soutenu par les généraux sur le terrain, et une grande partie des troupes est issue de l’immigration.

Cependant, Trump pourrait rendre la tâche très difficile à Joe Biden en entrant dans un conflit de dernière minute avec l’Iran, ou en retirant les troupes de l’Afghanistan de manière inattendue.

Selon Adam Smith, il s’agit simplement d’une stratégie visant à ‘faire régner le chaos et la division’ après l’élection de Joe Biden: ‘Cela confirme ce que je dis depuis des mois : l’obsession particulière du président et la loyauté qu’il négocie à coups de nominations ont sérieusement sapé la qualité de notre gouvernement’, a-t-il déclaré au magazine d’information Politico. C’est une insulte au peuple américain que de contrecarrer le gouvernement, surtout en période de ‘transition présidentielle’, a-t-il ajouté.

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