« Les modèles économiques actuels sous-estiment dangereusement les effets du changement climatique »

Finance Watch, une ONG basée à Bruxelles, avertit dans un rapport que les modèles qui tentent de prédire l’impact économique du changement climatique sont beaucoup trop optimistes. « Les décideurs politiques ne sont pas préparés aux bouleversements économiques qui en résulteront.

Pourquoi est-ce important ?

Le changement climatique aura des répercussions dans de nombreux domaines. Ce que nous mangeons, où nous vivons... Ces effets sont actuellement gravement sous-estimés, prévient Thierry Philipponnat.

Imprévisibles et permanents

Le problème : « Les risques économiques du changement climatique sont actuellement modélisés de la même manière que les risques financiers traditionnels. Mais contrairement aux pertes financières du passé, les pertes liées au changement climatique seront d’une ampleur considérable, imprévisibles et permanentes », peut-on lire dans le rapport.

  • Les modèles économiques ne sont plus à jour, indique-t-il.
  • Un exemple : le Conseil international de stabilité financière a calculé qu’une augmentation de 4 degrés Celsius de la température entraînerait des pertes d’actifs de l’ordre de 3 à 10 %. Or, les climatologues s’accordent à dire qu’une hausse de 4 degrés Celsius serait fatale à plus de 80 % des espèces vivantes de la planète.
  • En outre, ce calcul ne prenait pas encore en compte les coûts des conditions météorologiques extrêmes, de l’élévation du niveau de la mer, des migrations et des conflits.

Nouveaux modèles

Comme la plupart des régulateurs financiers s’appuient sur ces modèles existants, des prévisions irréalistes sont créées. Pendant ce temps, l’écart entre ce qui nous attend et ce à quoi nous sommes préparés se creuse.

Finance Watch appelle donc à une révision des modèles et propose quelques suggestions.

  • Un modèle devrait pouvoir s’adapter « au changement d’accélération autour des points de basculement et à d’autres caractéristiques particulières du changement climatique ».
  • Les pertes financières liées à l’abandon du pétrole doivent également être calculées. À cette fin, Finance Watch propose un outil de calcul du rapport prêt/valeur (LTV) pour les banques européennes. « Cela activerait un supplément de capital dès qu’un certain seuil de risque lié au climat est atteint. Le seuil LTV que nous proposons serait fixé en proportion de la quantité de combustibles fossiles à laquelle une banque est exposée. « .
  • L’horizon temporel doit être plus long. « Au vu des tendances actuelles en matière d’émissions, il est peu probable que les risques climatiques mettent en péril le système financier avant 2030. Bien que les phénomènes météorologiques extrêmes soient déjà en augmentation, les perturbations et les pertes liées au changement climatique ne devraient pas menacer l’économie mondiale avant 2050 environ. Ils pourraient ensuite s’accélérer et atteindre des proportions catastrophiques entre 2060 et 2080. »

(JM)

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