Poutine autorise les compagnies aériennes russes à faire main basse sur une flotte d’avions étrangers d’une valeur de 10 milliards de dollars

Des centaines d’avions civils loués par des compagnies étrangères se trouvent encore sur le sol russe. Légalement, ceux-ci doivent être récupérés par leurs propriétaires avant la fin du mois, mais c’est sans doute impossible alors que les compagnies russes ne quittent plus leur pays. Et Poutine enfonce le clou: ces avions, il compte bien les garder.

D’un point de vue du trafic aérien mondial, la Russie est véritablement coupée du monde depuis que la majorité des pays voisins et la quasi-totalité du continent européen ont fermé leur ciel aux avions de ce pays. Mais beaucoup de compagnies aériennes étrangères se retrouvent ainsi privées d’une partie de leur flotte, nombre d’avions étant loués à des compagnies russes.

« Planejacking » légalisé

Elles aimeraient bien les récupérer, mais ce lundi, le président Poutine en a décidé autrement : le Kremlin autorisera le pays à fournir des certificats de navigabilité aux avions et à les enregistrer en Russie, selon l’agence de presse d’État Tass. La loi était en cours d’élaboration la semaine dernière.

Ce sont pas moins de 728 avions appartenant à des constructeurs ou des compagnies d’Europe occidentale qui se trouvent encore sur le sol russe. Parmi ces appareils, 515 faisaient l’objet d’un prêt de la part d’un bailleur étranger, rapporte la banque d’investissement américaine Jefferies. En tout, leur valeur est estimée à 10 milliards de dollars.

Cannibalisme de haut vol

En vertu des sanctions de l’Union européenne, les loueurs d’avions – dont un certain nombre sont basés en Irlande, signale CNBC – ont jusqu’au 28 mars pour récupérer les appareils. Mais il est devenu totalement hypothétique qu’ils y arrivent, alors que les deux principales compagnies aériennes russes, Aeroflot et S7, ont interrompu la totalité de leurs activités à l’international pour se consacrer au trafic intérieur. Difficile donc de guetter ces avions sur le tarmac ailleurs dans le monde.

« Il y a parfois des cauchemars, mais l’idée qu’un marché de l’aviation tout entier soit mis hors service et bafoue les lois internationales, c’est nouveau », a déclaré Richard Aboulafia, directeur général de la société de conseil en aviation AeroDynamic Advisory. Le secteur craint d’ailleurs que certains de ces appareils soient dégradés, voire démontés : les principaux avionneurs Boeing et Airbus ayant interrompu leurs livraisons de pièces détachées, il n’est pas exclu que les Russes décident de cannibaliser certains de ces avions afin d’assurer l’entretien d’une partie de leur flotte aérienne civile.

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