Portraits: les 6 lauréats du ‘Prix Nobel de l’écologie’ 2020

Depuis 1990, le Prix Goldman (aussi surnommé Prix Nobel de l’écologie) récompense chaque année les personnalités ayant œuvré pour la préservation de l’environnement. En général, une personne est désignée vainqueur sur chaque continent (Afrique, Amérique du Nord, Amérique centrale/du Sud, Asie, Europe, Océanie). Petite particularité de l’édition 2020: il y a trois gagnants en Amérique, mais aucun en Océanie. Les voici.

Kristal Ambrose (Bahamas)

Cette biologiste marine de 30 ans est parvenue à convaincre les autorités bahaméennes d’interdire les sacs en plastique à usage unique, les couverts en plastique, les pailles, ainsi que les récipients et tasses en polystyrène.

Pour mener sa mission à bien, Kristal Ambrose a mis sur pied une campagne de sensibilisation de la population, en misant principalement sur les jeunes. Elle a informé les Bahaméens sur le problème de la surconsommation mondiale, qui touche surtout les pays riches. Conséquence: de nombreux déchets plastiques finissent par s’échouer sur les plages du pays.

‘Aux Bahamas, c’est vraiment un gros problème car nous recevons les déchets du monde entier en plus de produire les nôtres. C’est un paradis, jusqu’à ce qu’on y regarde de plus près. Vous voyez alors la pollution plastique qui s’infiltre via la mer des Sargasses’, a-t-elle dénoncé auprès du Guardian.

Suscitant l’adhésion d’une large partie de la population, le Bahamas Plastic Movement a poussé le gouvernement bahaméen à interdire le plastique à usage unique en janvier 2020.

Chibeze Ezekiel (Ghana)

Grâce à son activisme, cet écologiste a réussi à faire plier le gouvernement ghanéen. Les autorités ont fini par abandonner l’idée d’installer une centrale à charbon à Ekumfi, dans le sud du Ghana. Elle était censée devenir la première centrale à charbon du pays. Un port devait être construit à proximité pour importer du charbon. Un projet qui a été lui aussi mis aux oubliettes.

Pour mettre un maximum de pression sur les autorités, Chibeze Ezekiel a mené une campagne populaire durant plus de quatre ans. D’une manière plus globale, c’est tout son travail de sensibilisation aux énergies renouvelables et aux perspectives d’un avenir zéro carbone au Ghana qui sont salués par ce prix.

Nemonte Nenquino (Equateur)

Membre du peuple indigène des Huaorani, elle lutte depuis plusieurs années pour protéger les territoires et la culture de son peuple.

Son activisme l’a menée à remporter une importante victoire judiciaire. Grâce à cela, plus de 200.000 hectares de forêt amazonienne ont pu être préservés d’une exploitation pétrolière. Une décision qui a permis de créer un précédent en matière de droits des indigènes en Equateur.

Plus tôt cette année, le magazine Time l’a élue parmi les 100 femmes les plus influentes du monde.

Leydy Pech (Mexique)

L’histoire de Leydy Pech est assez similaire à celle de Nemonte Nequino. Cette apicultrice indigène maya a réussi à stopper la plantation de soja génétiquement modifié dans le sud du Mexique. Un projet qui devait être mené par Monsanto.

La Cour suprême mexicaine a jugé que le gouvernement avait violé les droits constitutionnels des Mayas et a suspendu la plantation de soja génétiquement modifié. Au total, l’activisme de Leydy Pech a poussé le Service alimentaire et agricole du Mexique à étendre cette interdiction dans sept États.

En outre, Leydy Pech participe aussi à la promotion du développement durable auprès des communautés rurales mayas, en tant que membre de Koolel-Kab / Muuchkambal, une coopérative d’agriculture biologique et d’agroforesterie maya appartenant à des femmes.

Lucie Pinson (France)

En 2017, cette militante a fait pression sur trois grandes banques françaises (Crédit Agricole, BNP Paribas et la Société Générale) pour qu’elles arrêtent de financer directement de nouveaux projets de mines et de centrales à charbon.

Lucie Pinson a ensuite étendu son combat aux grands assureurs, tels qu’AXA et Scor. Au total, la directrice générale de l’ONG Reclaim Finance a incité des dizaines d’acteurs financiers à désinvestir du charbon.

Deux autres Français ont déjà remporté le prix Goldman : Claire Nouvian en 2018 (opposition au chalutage en eaux profondes dans les eaux de l’UE)  et Christine Jean (opposition aux barrages sur la Loire) en 1992. Un seul Belge a déjà été récompensé pour le continent européen : Ignace Schoops (2008). Il avait œuvré pour l’établissement du Parc national de la Haute Campine, le premier parc national de Belgique.

Paul Sein Twa (Myanmar)

Fervent défenseur de l’environnement et de la culture dans l’État Karen, il a travaillé pour la création d’un ‘parc de la paix’ de plus de 500.000 hectares.

Ce ‘parc de la paix’ consiste en une approche unique de conservation, liant autorités nationales et population indigène Karen. Elle mélange pacifisme, auto-détermination, préservation de l’environnement et protection de la culture locale.

Les six lauréats recevront officiellement leur prix lors d’une cérémonie organisée virtuellement, crise sanitaire mondiale oblige. Ils seront invités à en dire plus sur leurs projets et leurs motivations. L’événement, diffusé sur YouTube – il débute à 00h50, heure belge – verra également l’apparition de plusieurs stars internationales, telles que Robert Redford, Michael Franti et Lenny Kravitz.

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