Plafonner le prix du pétrole russe est une « idée ridicule » qui pourrait avoir des effets pervers

Fin juin, les États-Unis ont émis l’idée de plafonner les prix du pétrole russe. Une mesure qui permettrait à la fois de réduire les revenus de la Russie et donc, le financement de la guerre en Ukraine, mais aussi de faire baisser les prix à la pompe pour les consommateurs. Une vision qui a séduit les dirigeants des pays du G7, mais que certains qualifient de « ridicule ».

L’idée d’imposer un plafond aux prix du pétrole russe a de quoi séduire. Ça serait en effet un grand coup infligé à la Russie qui tire une bonne partie du financement de sa guerre de la vente de son pétrole au reste du monde. Car si certains en profitent à bas prix, notamment l’Inde et la Chine, l’or noir atteint des sommets en Occident, suite à la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. On comprend donc pourquoi les membres du G7 ont été séduits par cette perspective qui – il faut tout de même le noter – ne serait pas simple à mettre en place. Outre ce problème, plafonner les prix du pétrole russe pourrait finalement se retourner contre les États-Unis et les autres pays du G7.

Ne pas oublier les règles du jeu

L’idée même d’agir ainsi est tout simplement « ridicule » pour Gal Luft de l’Institut for the Analysis of Global Security, une organisation à but non lucratif qui met en exergue le lien fort entre énergie et sécurité, car pour lui, cela reviendrait à rentrer dans un magasin et à forcer le vendeur à accepter moins d’argent pour un produit qu’il vend. « Ce n’est pas ainsi que fonctionne le marché pétrolier. C’est un marché très sophistiqué, vous ne pouvez pas faire baisser les prix », a-t-il continué dans l’émission Squawk Box Asia de CNBC.

En faisant cette proposition, les États-Unis ont ignoré « le fait que le pétrole est une marchandise fongible », autrement dit interchangeable. La valeur entre deux barils de pétrole est la même. Ainsi, il ne serait pas aisé d’imposer un plafond aux prix du pétrole en fonction de sa provenance.

« Vous ne pouvez pas tromper les lois de l’offre et de la demande, et vous ne pouvez pas défier les lois de la gravité lorsqu’il s’agit d’un produit fongible », a indiqué Gal Luft.

La réaction de la Russie ne se ferait pas attendre

Cela ne ferait d’ailleurs qu’envenimer les relations entre l’Occident et Moscou. En réaction, la Russie pourrait en effet limiter sa production et créer une pénurie artificielle sur le marché, prédit Gal Luft. En conséquence, les prix du pétrole russe pourraient littéralement exploser, alors que la mesure cherche justement à limiter les tarifs. « Ces Européens et Américains qui parlent de 40 dollars le baril, ce qu’ils vont obtenir, c’est 140 dollars le baril ». Une prédiction qui reste plutôt pessimiste par rapport à d’autres.

Gal Luft n’est pas le seul à critiquer cette idée de plafonner les prix du pétrole. D’ailleurs, pour le ministre indonésien des Finances, le problème vient avant tout de l’offre. Les fournisseurs de pétrole et leurs capacités d’extraction sont insuffisants pour remplacer la Russie et c’est pour cette raison que les prix sont aussi haut.

Malgré les critiques, l’idée pourrait continuer à faire son petit bout de chemin au sein des membres du G7. L’Europe envisage d’ailleurs toujours d’imposer une mesure similaire sur le gaz, bien qu’elle soit confrontée à plusieurs oppositions.

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