Malgré la récente baisse, « les prix du pétrole pourraient encore augmenter de 240 % si la Russie réagit à un plafonnement des prix »

Les pays du G7 envisagent d’introduire un plafond de prix pour le pétrole et le gaz russes. Les grandes nations industrialisées veulent s’assurer que la Russie gagne moins sur la vente de combustibles fossiles. « Mais un tel plafond pourrait aussi avoir des conséquences désastreuses, comme une forte hausse des prix du pétrole », avertit la banque américaine JPMorgan.

Pour la première fois depuis longtemps, les prix du pétrole sont passés en dessous de la barre symbolique des 100 dollars. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment, dans la mesure où cette récente baisse est surtout due au risque de récession qui grandit. Une récession baissera la demande, ce qui fera forcément chuter les prix. Les prix du pétrole pourraient même atteindre les 70 dollars, selon les prévisions de Citigroup. La Bank of America table même sur 65 dollars en cas de récession.

Reste que depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix du pétrole se sont envolés. Les pays occidentaux tentent donc de réduire leur dépendance à l’égard de l’or noir du Kremlin. L’Union européenne, par exemple, veut interdire 90 % des importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année. Mais malgré les différentes sanctions et la diminution des importations occidentales, Moscou gagne toujours beaucoup d’argent avec la vente de l’or noir. C’est pourquoi les pays du G7 étudient la possibilité d’introduire un plafonnement des prix pour le pétrole et le gaz russes.

La fausse bonne idée ?

JPMorgan prévient que de telles mesures pourraient faire grimper le prix du pétrole de manière significative. La Russie pourrait répondre en réduisant sa production de pétrole. « Par exemple, le pays peut décider de réduire sa production de 5 millions de barils par jour. Le pays peut faire une telle intervention sans trop nuire à sa propre économie », note Natasha Kaneva, analyste chez JPMorgan, dans une note rapportée par Business Insider. Dans ce cas de figure, la banque américaine n’exclut pas une augmentation de 240 % du prix du pétrole à 380 dollars le baril.

La Russie a déjà montré qu’elle n’avait pas peur de réagir aux sanctions occidentales. Par exemple, la Fédération de Russie a suspendu totalement ou partiellement l’approvisionnement en gaz de plusieurs pays européens, dont nos voisins, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Moscou détient la clé

Selon JPMorgan, les perspectives sont incertaines. « Il est plus probable que la Russie décide de réduire sa production de 3 millions de barils par jour. Cela ferait grimper le prix du baril jusqu’à 190 dollars », indique le rapport. En mai, la production était légèrement supérieure à 10 millions de barils par jour, selon le quotidien financier moscovite Vedomosti.

La banque américaine propose également un scénario alternatif dans lequel la Russie vendrait son pétrole à la Chine à des prix plus bas et d’autres producteurs interviendraient pour combler tout déficit de production. Dans ce cas, le prix du pétrole se stabiliserait autour du niveau de prix actuel.

(BL)

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