Finances publiques: pour la première fois depuis 2011, l’Allemagne n’est pas en excédent

L’État allemand a accusé un déficit budgétaire de 51,6 milliards d’euros au premier semestre de 2020, en pleine crise du coronavirus, tandis que sa croissance a reculé de 9,7% d’avril à juin par rapport au précédent trimestre, a indiqué mardi l’Office de la statistique.

Ce déficit des comptes publics (État, régions, communes et sécurité sociale) représente 3,2% du PIB allemand et dépasse les critères européens, qui fixent une limite de 3% du PIB pour un éventuel déficit.

Pour la première fois depuis 2011, l’Allemagne n’est pas en excédent. Avant la crise, soit à fin juin 2019, l’Allemagne affichait encore un excédent de 2,7% de ses comptes publics, plaçant le pays au centre de critiques chez ses partenaires commerciaux européens. Du fait des circonstances exceptionnelles liées à la crise, Berlin a débloqué en urgence en mars 2020 des centaines de milliards d’euros pour son économie.

Le recul trimestriel ‘le plus élevé’

Le gouvernement fédéral avait alors emprunté pour 218,5 milliards d’euros. L’Office Destatis a par ailleurs réévalué le recul du PIB au deuxième trimestre de 2020, initialement annoncé à -10,1%. Sur un an, l’économie allemande s’est affaissée de 11,3%.

Presque tous les secteurs de l’économie ont contribué au recul trimestriel du PIB qui reste ‘le plus élevé depuis la saisie des statistiques en 1970″, précise Destatis.

Dans le détail, la consommation privée a chuté de 10,9% d’avril à juin, alors que de nombreux magasins sont restés fermés jusqu’en mai, et les investissements hors construction ont chuté de 19,6%. Les exportations se sont contractées de plus de 20% contre 16% côté importations, soit un recul plus important que lors de la dernière grande crise de 2009. Seule les dépenses des administrations publiques ont augmenté de 1,5% d’un trimestre à l’autre.

Une reprise pour l’été?

‘La seule chose positive à propos de toutes ces données est qu’elles fournissent un dernier coup d’œil dans le rétroviseur’, commente Carsten Brzeski, économiste chez ING. Tous les indicateurs d’activité indiquent à ce jour une reprise pendant les mois d’été.

La crise attaque néanmoins les structures de la première économie européenne, poussant le gouvernement allemand à discuter notamment de prolonger le régime de chômage partiel de 12 à 24 mois. Cela ‘illustre non seulement la détermination du gouvernement à compenser le plus longtemps possible les retombées de la crise, mais aussi à quel point il sera difficile de sortir de cette crise’, ajoute M.Brzeski.

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