Une catastrophe écologique est en train de se produire dans l’Ohio aux États-Unis et cela passe presque inaperçu

Le 3 février, un train avec des produits chimiques à bord a déraillé au large d’East Palestine, dans l’État américain de l’Ohio. Pour éviter une explosion, les forces de sécurité ont laissé les substances se consumer.

Pourquoi est-ce important ?

La qualité de l'air, du sol et de l'eau suscite des inquiétudes dans la région. La population a été évacuée et des nuages de fumée obscurcissent le ciel. La couverture médiatique de l'évènement est, elle, étonnamment faible. A l'heure où tous les médias américains dissertent sur de prétendus ovnis.

Dans l’actu : le président Biden veut rassurer la population : l’air peut être respiré. Mais à cent cinquante kilomètres de là, il y a d’importantes quantités de poissons morts.

  • L’Agence de protection de l’environnement assure que la qualité de l’air a été testée à plusieurs reprises et que les niveaux sont inférieurs à la limite de risque.
  • Elle indique cependant que les résidents peuvent encore remarquer des « odeurs » et qu’ils doivent consulter un médecin s’ils présentent des symptômes de maladie.

Que s’est-il passé ?

  • À East Palestine, une ville d’un peu moins de 5.000 habitants, un train a déraillé le 3 février. Une cinquantaine des cent cinquante wagons a déraillé.
  • À bord se trouvaient des substances toxiques et inflammables, notamment du chlorure de vinyle, de l’acrylate de butyle, de l’acrylate d’éthyle hexyle et de l’éther monobutylique d’éthylèneglycol. Certaines de ces substances peuvent provoquer des brûlures, ainsi que des irritations aux yeux. En cas d’inhalation, les personnes peuvent avoir le nez et la gorge irrités et ressentir des vertiges.

Nuage en champignon

  • Pour éviter une explosion qui propagerait davantage les toxines, les autorités ont décidé de libérer et de brûler les substances nocives de manière contrôlée. Mais cela a créé un véritable champignon atomique. Les nuages sombres de l’incendie laissent à peine passer la lumière du jour.
  • La combustion du chlorure de vinyle libère de l’acide chlorhydrique, qui peut se mélanger à l’eau. Cela propage également l’acide dans l’air. C’est ce qu’explique l’analyste indépendant Nick Drom sur sa chaîne TikTok.
  • Le danger : à une centaine de kilomètres du lieu de l’accident, il y a une usine de production d’eau potable. Elle alimente en eau un demi-million de personnes. Il y a aussi beaucoup de terres agricoles dans la région.
  • Ces ressources en eau, ainsi que les sources d’eau privées, sont en train d’être testées. Les autorités conseillent aux habitants de la région de boire de l’eau en bouteille.

Témoignages

  • « On a bombardé une ville avec des produits chimiques pour pouvoir rouvrir le chemin de fer. Je suis surpris qu’ils aient si rapidement dit aux gens qu’ils pouvaient rentrer chez eux, mais qu’ils pouvaient faire tester leur maison s’ils le souhaitaient. Ils feraient mieux de tester toutes les maisons d’abord », explique Sil Caggiano, spécialiste en substances toxiques, à la chaîne d’information locale WKBN-TV.
  • L’approche des autorités est aussi critiquée sur les réseaux sociaux. #OhioChernobyl est devenu viral sur Twitter. Le gouvernement est accusé d’être hypocrite : il a choisi une solution hautement polluante, mais en même temps, il ne cesse de répéter des messages en faveur de la protection de l’environnement.

Arrestation d’un journaliste

  • Le manque de transparence fait également l’objet de nombreuses critiques. Les habitants de la région pensent qu’ils ne reçoivent pas toutes les informations et craignent des conséquences à long terme qui ne peuvent être pleinement évaluées à l’heure actuelle.
  • L’arrestation d’un journaliste local qui couvrait l’événement en direct passe très mal. Cela alimente les soupçons selon lesquels les choses sont pires que ce qu’en disent les autorités.
  • Les témoignages sur Twitter montrent à quel point le nuage toxique s’étend. Les internautes disent qu’ils peuvent voir le nuage jusqu’au sud de l’Ontario (au Canada) et qu’ils ont des maux de tête incessants.
  • Caggiano ajoute qu’il reste beaucoup de questions. « Dans 5, 10, 15 ou 20 ans, nous nous demanderons si des clusters de cancers pourraient apparaître ou si l’eau de source pourrait se détériorer ».

(CP)

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