La nouvelle bourse du gaz de Londres sonne-t-elle le glas du plafond des prix du gaz en Europe, tout juste entré en vigueur ?

Le mercredi 15 février, le plafonnement européen des prix du gaz naturel est entré en vigueur. Mais une nouvelle bourse du gaz à Londres pourrait y mettre un terme.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis que la Russie a attaqué l'Ukraine, l'UE traverse une crise existentielle. Après tout, pendant des années, l'Union a utilisé les combustibles fossiles russes bon marché pour construire sa prospérité. Mais maintenant, l'UE doit trouver un moyen de redémarrer. Et cela ne s'avère pas si facile.

L’essentiel : dans quelques jours, une nouvelle bourse du gaz ouvrira à Londres. Elle pourrait être utilisée pour contourner le plafonnement des prix.

Pour rappel : le plafonnement des prix limite le prix du gaz naturel à un maximum de 180 euros par mégawattheure (MWh). Pour cela, deux conditions doivent être remplies :

  • Le prix de gros européen, le prix TTF néerlandais, doit dépasser le prix maximum pendant trois jours consécutifs.
  • Le prix doit également être supérieur d’au moins 35 € au prix de référence du marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) durant ces trois jours.
  • Cette règle vise à garantir que la Russie ne puisse pas abuser de prix abusifs comme ceux de l’été dernier. Lors du pic du mois d’août, le prix du gaz naturel sur le marché néerlandais TTF, le prix de référence dans nos régions, a atteint environ 340 euros par MWh à l’époque.

L’alternative britannique

Mais : le plafonnement des prix ne s’applique toutefois qu’aux États membres de l’UE et donc pas au Royaume-Uni. Peu après l’annonce de la mesure, l’idée d’une alternative britannique a de ce fait commencé à faire son chemin.

  • Intercontinental Exchange (ICE), l’opérateur de la bourse du gaz TTF, s’y emploie actuellement. Le 20 février, il lancera une bourse du gaz alternative à Londres. Là, le prix du gaz naturel ne sera pas plafonné.
  • Les conséquences sont incalculables. Si le prix du TTF dépasse 180 euros par MWh, les échanges pourront se poursuivre comme d’habitude à Londres. Pour les consommateurs, le plafonnement des prix pourrait bien n’être qu’une coquille vide.
  • À encore noter : les stocks européens sont pour le moment meilleurs que ce que l’on craignait initialement. Cela est dû à la combinaison de températures plus chaudes que la normale, d’importations de GNL plus importantes que prévu et d’une production plus élevée de sources d’énergie alternatives. À l’heure d’écrire ces mots, l’indice TFF affichait 50 euros le MWh.
  • Il y a donc peu de chances d’atteindre le prix de 180 € par MWh dans un avenir proche. L’été dernier aurait été une autre histoire : il aurait alors été actif pendant 40 jours, s’il avait existé à l’époque.

« Option de secours »

Noté : Trabue Bland, vice-président du marché à terme de l’ICE, a qualifié la mesure d' »option de secours » pour les clients, rapportait Reuters en janvier.

  • « L’objectif de l’ICE est de créer des marchés pour que nos clients puissent gérer leurs risques et nous devons à nos clients d’apporter des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. »
  • Les détracteurs du plafonnement des prix ont précédemment déclaré qu’il pourrait créer d’importantes distorsions du marché. Les politiciens néerlandais et allemands, en particulier, s’y sont opposés pour cette raison.
  • La ministre fédérale de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), a déclaré sur Monenergie.be que la bourse parallèle de Londres n’aura pas d’impact immédiat sur le plafonnement des prix. Mais d’autres rapports sont attendus pour suivre l’évolution de la situation.

RVW

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