Nouvel aléa de la guerre: le prix de l’huile de palme est en train d’exploser

Les exportations d’huile de tournesol ukrainienne sont bloquées à cause de la guerre, et les acheteurs d’huiles végétales se tournent vers l’huile de palme, faisant augmenter les prix. Avant la guerre, le marché était déjà dans une situation très tendue. Même si celle-ci venait à s’arrêter, la situation de l’huile de tournesol, et ainsi de toutes les autres, resterait sous pression.

C’est ce qui s’appelle une réaction en chaine. Des navire qui transportent de l’huile de tournesol sont bloqués dans les ports de la Mer Noire, et cela crée des retards dans la chaine d’approvisionnement. À tel point que les négociants se tournent vers l’Indonésie, pour son huile de palme : depuis le début de la guerre, il y a une semaine, le prix des contrats futurs est en augmentation de 18%.

Le prix de l’huile de tournesol ukrainienne est en encore plus forte augmentation. Le marché n’est pas sûr si les bateaux pourront partir et les livraisons avoir lieu, et ainsi le prix a augmenté de 32% depuis mercredi dernier, rapporte CNN. Ce pays représente un tiers de la production mondiale et la moitié des exportations du marché mondial.

« Au mauvais moment »

James Fry, directeur de la société de consultance LMC International, estime que la guerre est arrivée « pile au mauvais moment ». Le marché des huiles végétales est déjà sous forte tension. L’Indonésie, plus grand exportateur d’huile de palme, représentant 55% du marché mondial, avait décidé en janvier de plafonner les exportations. Le pays voulait ainsi limiter les prix à échelle nationale, qui s’envolent également.

Le deuxième plus grand exportateur, la Malaisie, fait face à une importante pénurie de main-d’œuvre depuis la pandémie. Ainsi, les prix des contrats futurs sur l’huile de palme de Malaisie ont augmenté de 76% depuis le début de l’année.

Une alternative serait alors l’huile de soja, mais à court terme, il sera impossible d’en augmenter la production pour faire face aux pénuries des deux autres huiles.

Après la guerre?

Paul Hughes, économiste spécialisé en agriculture auprès de S&P Global, constate aussi que la guerre arrive à un moment où le marché était déjà dans une situation « précaire ». Il explique à CNN qu’avec la guerre et les sanctions, le marché s’attend à manquer d’huile de tournesol pendant un temps encore.

Même si le conflit venait à se calmer, les acheteurs devraient encore s’attendre à payer des primes de risque. En plus, la guerre a détruit certaines installations, continue Hughes. La guerre peut également détruire les champs ; et les graines de tournesol doivent être semées à la fin du printemps, à voir si les conditions le permettront. « Les acheteurs peuvent être très réticents à s’engager dans des achats importants s’ils ne savent pas s’ils seront livrés », explique Hughes.

Sur l’année 2021, les prix de l’alimentation, en général, avaient déjà augmenté de 28%, selon les Nations Unies. Avec la guerre en Ukraine, les prix devraient encore davantage augmenter, notamment ceux du blé (+4% rien que mercredi), dont les deux belligérants sont d’importants exportateurs. Les prix de l’énergie augmentent également, ce qui à terme aura un impact sur tous les prix.

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