L’accord sur la déforestation conclu à la COP26 pourrait déjà être enterré

En début de semaine, lors de la COP26, les dirigeants mondiaux ont convenu de mettre fin à la déforestation d’ici 2030. Quelques jours plus tard, cette ambition pourrait déjà être mise de côté. L’Indonésie, l’un des plus importants signataires, n’apprécie plus les termes de l’accord.

L’Indonésie abrite la troisième plus grande forêt tropicale du monde, mais la déforestation rampante depuis les années 1960 a vu la moitié des forêts du pays rasées illégalement pour faire place à des plantations commerciales d’huile de palme, entre autres.

A présent, Jakarta remet en question les termes de l’accord de la COP26 visant à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, deux jours seulement après l’avoir signé aux côtés de plus de 100 pays.

Lors de la conférence sur le climat à Glasgow, les nations signataires ont adopté un plan d’un milliard de dollars visant à mettre fin à l’abattage des arbres à l’échelle industrielle d’ici dix ans. Il était déjà clair que l’accord devait être pris avec beaucoup de pincettes. Et l’on pensait surtout que ce serait la présence du Brésil parmi les signataires qui poserait problème.

« L’Indonésie ne peut pas promettre ce qu’elle ne peut pas faire »

Mais c’est Siti Nurbaya Bakar, ministre indonésienne de l’Environnement, qui déclare que « forcer l’Indonésie à atteindre une déforestation zéro d’ici 2030 est clairement inapproprié et injuste ». Selon elle, il existe de multiples façons de définir la déforestation, et cet accord ne doit pas enrayer la croissance économique de son pays. « Le formidable développement de l’ère du président Jokowi ne doit pas s’arrêter au nom des émissions de carbone ou au nom de la déforestation », a-t-elle déclaré, en désignant Joko Widodo par son surnom.

Mme Bakar a déclaré que l’Indonésie ne pouvait pas « promettre ce que nous ne pouvons pas faire » et que la priorité du pays était le développement. Les forêts devaient ainsi être défrichées pour construire de nouvelles routes et pour les cultures vivrières. « Les richesses naturelles de l’Indonésie, y compris les forêts, doivent être gérées pour leur utilisation selon des principes durables, mais cela doit être équitable », a-t-elle ajouté.

« Promettre que la déforestation va s’arrêter est faux et trompeur ».

Le vice-ministre indonésien des Affaires étrangères, Mahendra Siregar, a déclaré que décrire l’accord comme une promesse d’arrêter la déforestation était « faux et trompeur ». L’Indonésie s’est récemment fixé des objectifs ambitieux en matière de déforestation, notamment la réduction de moitié du taux de déforestation au cours des trois prochaines décennies et la reforestation de 26,2 millions d’hectares de terres d’ici 2050. L’année dernière, le pays asitatique a enregistré le taux de déforestation le plus faible depuis les années 1990, ce que le gouvernement a attribué à de nouvelles politiques de réglementation de la déforestation. Mais ça pourrait aussi être lié à la pandémie.

Quoi qu’il en soit, les récents engagements vont à l’encontre des projets de développement approuvés par le gouvernement indonésien, qui pourraient se traduire par un abattage de 135,9 millions d’hectares de forêt d’ici 2040.

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