Nous retournons à une « économie primitive »

La hausse des prix des matières premières et l’augmentation du coût du logement poussent les pays de l’OCDE vers une économie plus « primitive ». Cela signifie qu’une part importante du revenu des ménages est consacrée à l’énergie, à la nourriture et au logement. La demande de services « non essentiels » est en baisse. Cela a des conséquences pour les producteurs de ces services. Pensez aux entreprises actives dans le secteur des loisirs, comme les voyages, la culture et le divertissement. Mais aussi les télécommunications, les biens de consommation durables et les services aux particuliers…

La banque d’affaires française Natixis illustre cette évolution dans une note aux clients avec une série de graphiques.

1. La demande de services fait place à une demande accrue de biens

En raison de la crise du Covid, la demande de services dans les pays de l’OCDE a été remplacée par une demande accrue de biens. Cela a fait augmenter le prix des matières premières utilisées dans ces produits. La structure de la demande s’est également déplacée des services vers les biens car nous travaillons davantage à domicile et l’économie devient de plus en plus numérique.

2. La guerre en Ukraine accroît la pression sur les prix des matières premières

La guerre en Ukraine fait grimper encore plus les prix des matières premières. En effet, la Russie est un important fournisseur. Le prix du nickel a triplé en trois jours. Le prix du gaz a même augmenté de 75% en un jour. Même s’il est impossible aujourd’hui de prédire l’évolution des prix des matières premières dans les jours et les semaines à venir, il est fort probable que nombre d’entre eux seront nettement plus élevés que prévu pendant longtemps. On craint également que les sanctions économiques et autres mesures touchant la Russie ne réduisent ces importations.

3. La transition énergétique entraîne une hausse des prix de l’énergie

La transition énergétique entraînera une hausse des prix de l’énergie en raison du coût du stockage de l’électricité nécessaire à la production intermittente d’énergie renouvelable. Cela signifie que l’électricité doit être stockée lorsqu’elle peut être produite, ce qui est coûteux. Une autre conséquence est la hausse des prix des voitures (en raison de l’augmentation du prix des matières premières nécessaires, notamment pour les batteries électriques).

4. Les logements deviennent également plus chers

Des décennies de taux d’intérêt bas et de prêts hypothécaires bon marché, accompagnées de la ruée sur l’immobilier pendant la crise de Covid, ont fait grimper considérablement le prix des logements. Selon les chiffres du courtier immobilier Dewaele, les prix ont augmenté en moyenne de 15, soit 34.000 euros, depuis le début de la crise sanitaire. Tout cela devra finalement se traduire par une hausse des prix de location et d’achat.

Conclusion : pour les raisons mentionnées ci-dessus, les prix de l’énergie, des denrées alimentaires, des voitures et des logements ont fortement augmenté. La part du revenu des ménages consacrée à l’énergie, à l’alimentation et au logement va donc elle aussi augmenter.

5. L’économie « primitive »

C’est ce que nous appelons une « économie primitive » : une économie où la plupart des revenus sont consacrés à l’achat d’énergie et de nourriture et au logement.

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