Elon Musk menace-t-il la sécurité des États-Unis ? Joe Biden estime que cela « mérite d’être examiné »

En bon businessman qu’il est, Elon Musk fait des affaires aux quatre coins de la planète. Sans vraiment veiller à l’impact de ses alliances au niveau géopolitique. Sa dernière liaison en date, dans le cadre du rachat de Twitter, fait grincer quelques dents.

Pourquoi est-ce important ?

Elon Musk et Joe Biden sont loin d'être les meilleurs amis du monde. Les deux hommes se sont notamment déjà méchamment écharpés autour de Tesla, qui, malgré son statut de fleuron de l'automobile électrique américain, ne plaît pas au président en raison des rapports très peu cordiaux entretenus par le businessman avec les syndicats. Mais ce n'est visiblement pas la seule chose qui inquiète Biden.

L’actualité : Biden ne va pas laisser Musk faire tout ce qu’il veut.

  • Interrogé par des journalistes lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche sur le fait que Twitter soit – en partie – sous pavillon saoudien, Biden a semblé plutôt embêté.
  • Après avoir pris pas mal de temps à réfléchir aux mots qu’il allait prononcer, il a déclaré que la « coopération et/ou les relations techniques de Musk avec d’autres pays méritaient d’être examinées ».
  • « Qu’il fasse quelque chose d’inapproprié ou non, je ne le suggère pas. Je suggère que cela mérite d’être examiné, et c’est tout ce que je dirai », a-t-il ajouté.

Le contexte : un prince saoudien deuxième actionnaire de Twitter.

  • Cette question a été mise sur la table par une journaliste suite à la finalisation du rachat de Twitter par Musk.
  • Pour ce deal, Musk a notamment pu compter sur le soutien du prince saoudien Al-Walid ben Talal. Actif dans Twitter depuis 2011, celui-ci en était devenu le deuxième actionnaire en 2015.
  • Lors du rachat, le prince saoudien a soutenu Musk, lui apportant les 35 millions d’actions (valant près de 2 milliards de dollars) qu’il détenait déjà.
  • En outre, la filiale d’un fonds souverain qatari a également contribué à hauteur de 375 millions de dollars à l’opération.

Des inquiétudes légitimes : ces pays ne sont pas vraiment « pro-liberté d’expression ».

  • Musk ne cesse de répéter qu’il est un fervent défenseur de la liberté d’expression. Et qu’il veut retranscrire cela dans les changements qu’il apportera à Twitter.
  • Si ce prétendu crédo pouvait déjà être remis en question sur base d’autres éléments, cet acoquinement avec un prince saoudien ne fait qu’accentuer les inquiétudes.
  • Pour le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), la surveillance des réseaux sociaux « est un impératif sécuritaire pour sa gouvernance », a notamment souligné auprès de Libération David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
  • Musk pourra toujours rétorquer qu’un prince saoudien n’est pas l’autre. Ben Salmane et ben Talal n’entretiennent pas les meilleurs rapports. Ce dernier a d’ailleurs été arrêté sur ordre de MBS en 2017 dans le cadre d’une vague de répression anticorruption, perçue par certains comme une tentative d’écarter de potentiels rivaux pour consolider son pouvoir dans la riche monarchie du Golfe, rappelle L’Express.

Et maintenant : examen ou pas examen ?

  • La semaine dernière, le Washington Post rapportait que les responsables du département américain du Trésor se demandaient s’il fallait ouvrir une enquête afin, notamment, de vérifier l’un des investisseurs étrangers qui ont aidé Musk aurait des privilèges spéciaux leur permettant d’accéder aux données personnelles des utilisateurs de Twitter.
  • La déclaration de Biden semble aller dans ce sens également.
  • Le 31 octobre dernier, un sénateur démocrate en avait même déjà clairement fait la demande. « Nous devrions nous inquiéter du fait que les Saoudiens, qui ont un intérêt évident à réprimer les discours politiques et à avoir un impact sur la politique américaine, sont maintenant le deuxième plus grand propriétaire d’une importante plateforme de médias sociaux », avait tweeté Chris Murphy, du Connecticut.
  • Le 24 octobre, quelques jours avant la finalisation du rachat par Musk, la porte-parole de la Maison Blanche avait pourtant démenti les rumeurs faisant état d’un possible examen de l’opération en lien avec une potentielle atteinte à la sécurité nationale.
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