Les milliardaires américains sont les financiers discrets des campagnes de désinformation européennes

Depuis plusieurs années, un petit groupe de milliardaires américains finance de vastes campagne de désinformation dans différents pays membres de l’Union européenne, affirme le journal français Le Monde. Ces personnes sont aussi celles qui financent l’aile la plus radicale du parti Républicain aux États-Unis

Pour ce faire, et contrairement à l’organisation russe Internet Research Agency, ces personnes n’ont pas mis en place un dispositif important, et se contentent de financer des petits groupes d’activistes et des entreprises de communication qui propagent leurs messages sur les réseaux sociaux. Leur objectif est de favoriser l’essor du populisme et du nationalisme dans les pays européens.

Robert et Rebekah Mercer

Les plus emblématiques de ces mécènes serait Robert Mercer et sa fille Rebekah Mercer, tous deux derrière le site d’actualités américain de « l’alt-right » Breitbart News, qui ont aussi financé la campagne du président américain Donald Trump. 

Selon Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump et ancien rédacteur en chef de Breitbart, l’intervention de la famille Mercer aurait été décisive dans l’accession à la présidence de Trump. Les Mercer financent également l’institut Gatestone, un think tank néoconservateur qui se consacre essentiellement à l’Europe, et publie toutes sortes d’articles dans plusieurs langues.

The Rebel

Ils sont également derrière The Rebel, un portail canadien qui s’intéresse beaucoup à l’actualité européenne. Ce site est notamment à l’origine de la publication des « MacronLeaks » [des e-mails « fuités » de l’équipe de campagne de l’actuel président français Emmanuel Macron] 2 jours avant le second tour de l’élection présidentielle en France.

Ce site à la ligne rédactionnelle anti-gauche, anti-immigration et anti-islam, a également envoyé des employés filmer des vidéos sensationnelles sur les manifestations des Gilets Jaunes en France. Le media a réalisé des vidéos sur la « résistance culurelle » en Pologne et les « mensonges des médias sur la patriotique Croatie », et également fait campagne pour le Brexit.

Robert Shillman

Rebel Media bénéficie également du soutien d’un autre milliardaire américain : Robert Shillman, qui a fait fortune avec les machines-outils Cognex. Shillman sponsorise également de nombreux projets contre l’islam, en particulier le centre Horowitz, une plateforme antimusulmane que l’organisation de lutte contre la haine SPLA accuse de répandre la haine et la désinformation. 

Shillman soutient également plusieurs groupes d’extrême-droite en Europe, dont le politicien néerlandais Geert Wilders. De même, il est impliqué dans les  plateformes telles que The Old Continent et le site néerlandais « politiquement incorrect » Geenstijl.

Une grande activité dans les pays européens de langue anglaise

Mais l’activité de Rebel Media est particulièrement intense dans les pays anglophones européens. Robert Shillman a financé 4 membres du groupuscule de l’extrême droite britannique britannique English Defense League, dirigé par Tommy Robinson. Ce mouvement est proche du parti eurosceptique UKIP, l’un des fers de lance du Brexit.

Ce groupuscule milite contre l’immigration et sans surprise, il a soutenu le brexit. Robinson a été arrêté en mai dernier et condamné à plus d’un an de prison de treize mois pour avoir encouragé l’islamophobie. Son arrestation a été critiquée par différents médias sponsorisés par Shillman. En outre, ses frais de justice ont été partiellement pris en charge par le think tank Middle East Forum, lui-même souten par Charles et David Koch, deux autres milliardaires américains ultraconservateurs. Ce groupe de réflexion a également aidé Geert Wilders à faire face à ses frais de justice. 

Rebel Media serait également actif en Irlande, par l’intermédiaire de l’un de ses anciens employés, Caolan Robertson, un jeune activiste de « l’alt-right » également soutenu par Shillman. Robertson est notamment connu pour une campagne anti-avortement qu’il a menée sur Facebook, dans laquelle il ridiculisait les femmes qui manifestaient en faveur du droit à l’IVG. Ce spot a été visionné un million de fois, ce qui correspond au quart de la population irlandaise.

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