L’OMS ne cède pas face aux agitations des Big Pharma: la troisième dose du vaccin contre le Covid, c’est non (pour l’instant)

Cela fait maintenant plusieurs mois que les principales firmes à l’origine des vaccins contre le coronavirus annoncent qu’une troisième dose – de rappel – devra bientôt être injectée aux patients. Pour l’OMS, elles vont trop vite en besogne.

Pfizer ne s’en cache nullement: elle veut qu’une dose de rappel de son vaccin soit administrée aux patients dans les prochains mois. Son PDG, Albert Bourla, l’avait déjà affirmé en avril dernier. « Il est particulièrement important de continuer à protéger les groupes démographiques vulnérables au virus », avait-il expliqué.

Début juillet, Pfizer et BioNTech ont fait part de leur intention de demander une autorisation dans ce sens auprès des autorités sanitaires européennes et américaines dès le mois d’août. Une annonce faite suite à la publication de données préliminaires d’une étude sur le sujet.

« Les données préliminaires montrent qu’une dose de rappel administrée 6 mois après la seconde dose a un profil de tolérance cohérent, tout en suscitant de hauts niveaux d’anticorps neutralisants » contre le virus, y compris contre le variant Beta, apparu en Afrique du Sud. Ces niveaux sont « 5 à 10 fois supérieurs » à ceux observés après les deux doses initiales, ont avancé les deux sociétés. Ce rappel offrirait par ailleurs une meilleure garantie face au virulent variant Delta.

Moderna et AstraZeneca poussent aussi

Même discours chez Moderna. Il y a quelques semaines, son PDG, Stéphane Bancel, a dit qu’il serait « plus prudent » de prévoir une troisième dose « pour les personnes les plus à risque, qui ont été vaccinées en décembre 2020 ou en janvier 2021 ».

« Dès septembre, le variant Delta sera dominant et il vaut mieux déclencher ce rappel deux mois trop tôt, plutôt que deux mois trop tard en courant le risque que les hôpitaux soient à nouveau saturés par une quatrième vague « , a-t-il déclaré dans une interview accordé à L’Obs, faisant référence aux craintes entourant le variant Delta.

Moderna compte elle aussi demander prochainement une autorisation. Les discussions avec les autorités sanitaires auraient d’ailleurs déjà commencé.

Enfin, le président d’AstraZeneca France, Olivier Nataf, a affirmé au début du mois sur BFM TV que le sujet était « à l’étude en ce moment ». Là aussi, on envisage de déposer une demande officielle.

Peu de temps avant, une étude de l’université d’Oxford – qui a participé à la conception du vaccin – a montré qu’une troisième dose injectée plus de six mois après la seconde entraînait une « augmentation importante » des anticorps. Elle provoquerait aussi une « forte hausse » de la réponse immunitaire contre le Covid. De plus, elle protégerait davantage contre les variants.

Pour l’OMS, il faut des données supplémentaires

Face à ces demandes insistantes des firmes pharmaceutiques, l’OMS ne cède pas. L’organisation conserve le discours qu’elle a tenu jusqu’ici. Et elle a à nouveau tapé sur le clou ce mercredi, à l’occasion d’une interview publiée sur ses propres réseaux sociaux.

« Nous sommes très clairs à ce sujet, il n’y a pas assez d’informations pour fournir une recommandation à ce stade », a déclaré la Dr Kate O’Brien, directrice de la vaccination, des vaccins et des produits biologiques à l’OMS. « Encore une fois, il s’agit d’un sujet très chaud, et il y a beaucoup de recherches en cours pour être en mesure de fournir une recommandation fondée sur des preuves. »

La Dr O’Brien a indiqué que l’OMS poursuivait ses propres recherches pour déterminer l’efficacité d’une telle dose de rappel. Si une recommandation envers celle-ci devait finalement tomber, elle ne serait probablement destinée qu’à certains groupes de personnes, comme les personnes âgées ou les personnes souffrant d’autres pathologies qui les rendent vulnérables à une maladie grave, a-t-elle précisé.

La responsable de l’OMS a précisé que son organisation travaille « produit par produit », c’est-à-dire qu’elle étudie chaque vaccin séparément. En parallèle de l’efficacité d’une troisième dose, la « durabilité » de chacun des produits est analysée en profondeur, leur efficacité dans le temps étant évidemment un facteur clé dans le cadre d’une éventuelle dose de rappel.

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