L’Ifo (Institut de recherche économique) tire la sonnette d’alarme : « L’Allemagne est au bord de la récession »

La confiance dans l’économie allemande a atteint en juillet son point le plus bas depuis le début de la pandémie de coronavirus. Selon l’Ifo (Institut de recherche économique), les taux d’inflation élevés et l’approvisionnement limité en énergie pourraient même pousser l’Allemagne en récession.

Selon les analystes de l’institut de recherche basé à Munich, la confiance des entreprises allemandes dans l’économie en juillet a été plus faible que prévu initialement. « L’Allemagne est au bord de la récession », a déclaré à Bloomberg Clemens Fuest, président de l’Ifo. « Les prix élevés de l’énergie et les pénuriesde gaz imminentes pèsent sur l’économie. Les entreprises s’attendent à ce que l’activité commerciale soit nettement moins bonne dans les mois à venir. »

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Allemagne, un pays qui a déjà été durement touché par la guerre en Ukraine. Ainsi, la République fédérale importait 55% de son gaz de Russie avant l’invasion, mais depuis que le Kremlin a envahi son voisin, on craint que l’approvisionnement en gaz ne réponde pas aux besoins de la plus grande économie d’Europe.

Les chaînes d’approvisionnement du pays ont également été perturbées par la guerre, après avoir été déjà mises en danger par la reprise post-pandémie. À cela s’ajoute un taux d’inflation de plus de 8%. En raison de tous ces facteurs, l’économie allemande a commencé à se contracter en juillet pour la première fois cette année, selon l’indice S&P Global, l’opérateur des indices boursiers Dow Jones et S&P500, entre autres.

Hausse des taux

Après que les consommateurs allemands ont déjà dû faire face à des chiffres d’inflation élevés, l’augmentation des taux d’intérêt viennent alimenter le risque. La semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé son taux d’intérêt de 50 points de base, la première augmentation en onze ans.

Une augmentation du taux d’intérêt signifie qu’il sera désormais plus coûteux d’emprunter de l’argent, ce qui aura un certain nombre de conséquences pour l’économie déjà en difficulté. Par exemple, les emprunts pour l’achat d’un logement et d’autres achats importants comme les voitures deviendront plus chers, ce qui rendra les consommateurs moins enclins à dépenser.

Réduire la demande de biens et de services devrait, en théorie, réduire l’inflation. Mais cela a un effet secondaire désagréable : la croissance économique stagnera également en conséquence.

Le sommet n’a pas encore été atteint

Alors qu’une augmentation de 50 points de base était déjà plus élevée que ce que les analystes avaient initialement prévu, elle pourrait même ne pas être suffisante pour freiner suffisamment l’inflation.

Selon Mārtiņš Kazāks, membre du conseil d’administration de la BCE et bien connu des « faucons », ces gouverneurs de banque qui privilégient une politique monétaire stricte, la banque centrale pourrait décider de relever à nouveau ses taux d’intérêt en septembre. Dans une interview accordée à Bloomberg, il affirme même que cette deuxième augmentation pourrait être « assez significative ».

M. Fuest, quant à lui, assure que ce ne sont pas les taux d’intérêt, mais principalement les prix de l’énergie, qui auront un impact sur l’économie allemande. « La hausse de la BCE est d’une certaine manière déjà prise en compte dans le prix », a déclaré le responsable de l’Ifo.

(BL)

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