« Les objectifs en matière d’hydrogène vert sont irréalistes, y compris en Europe » : la nouvelle pique à Bruxelles vient de Lisbonne

Si l’hydrogène (vert, de préférence) semble être devenu le nouveau Graal de bon nombre des plus hauts dirigeants de ce monde, ceux-ci sont peut-être trop enthousiastes. Une nouvelle critique vient d’être émise par le patron de la première entreprise d’électricité portugaise.

Pourquoi est-ce important ?

Si l'hydrogène est déjà beaucoup utilisé partout dans le monde, il est majoritairement gris. C'est-à-dire issu du gaz naturel. Il est donc polluant. Le vert, quant à lui, est produit via des sources d'énergie renouvelable. Et de plus en plus de pays y voient l'une des principales solutions à la transition énergétique. Industrie, transport, stockage d'électricité : ses applications sont nombreuses. Encore faut-il en produire massivement.

Dans l’actu : le patron d’EDP tance les objectifs pour l’hydrogène vert.

  • S’exprimant à l’occasion d’une conférence sur la transition numérique tenue à Lisbonne, le patron d’Energias de Portugal (EDP) a critiqué les objectifs (mondiaux et européens) en matière d’hydrogène vert.
  • Selon lui, ils sont impossibles à atteindre.

Le détail : le financement et la réglementation comme freins.

  • Selon Miguel Stilwell de Andrade, « il y a des attentes exagérées » autour de l’hydrogène à l’échelle mondiale. « Beaucoup d’objectifs sont irréalistes », a-t-il ajouté, pointant notamment du doigt ceux fixés par l’Union européenne pour 2030.
  • Attention : contrairement à d’autres, il ne nie pas tout le potentiel de l’hydrogène (vert) en vue de mener à bien la transition énergétique. EDP, première compagnie d’électricité du Portugal, investit elle-même dans le secteur, a-t-il rappelé.
    • L’entreprise a déjà produit de l’hydrogène vert au Brésil dans un projet de démonstration et mène des expérimentations similaires dans son pays.
  • Ce sont bien les chiffres annoncés qui n’ont aucun sens, selon Stilwell. « On voit des projets de 100 mégawatts qui pourraient être opérationnels en 2026 ou 2027, mais on est encore loin des projets à l’échelle du gigawatt », a-t-il notamment expliqué, cité par le quotidien portugais Expresso, qui coorganisait l’événement avec Siemens.
  • Les deux principaux obstacles à un développement rapide de la filière sont le financement et la réglementation, a-t-il avancé.

Le contexte : produire 10 millions de tonnes par an à l’horizon 2030.

  • En 2020, la Commission européenne a fixé comme objectif la production annuelle de 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici 2030, auxquelles il faudrait ajouter la même quantité à importer.
    • L’objectif a été confirmé l’an dernier via REPower EU, le plan dressé par Bruxelles pour mettre fin à la dépendance européenne aux combustibles fossiles russes.
    • Pour l’instant, on est sous les 300.000 tonnes.
  • Pour augmenter la production, il faut étendre la flotte européenne d’électrolyseurs… et les coupler à de nouvelles installations d’énergie renouvelable.
  • Pour y arriver, la Commission mise notamment sur le lancement d’une « banque européenne de l’hydrogène ». Elle devrait être opérationnelle d’ici la fin de l’année et lancer dès l’automne de premières enchères pour financer sur fonds de l’UE des projets de production.
    • « La Banque visera à combler le déficit d’investissement actuel dans le développement de l’hydrogène renouvelable et à garantir que l’UE conserve son avance dans cette technologie essentielle », estime le vice-président de la Commission, Frans Timmermans. L’idée est ainsi « d’envoyer un signal clair que l’Europe est une région de production d’hydrogène ».
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