La Belgique deviendra-t-elle bientôt une plaque tournante de l’hydrogène vert ? « La transition verte prend de l’ampleur »

La Belgique est bien placée pour devenir une plaque tournante pour les vecteurs énergétiques tels que l’hydrogène vert, explique Laurent Remy, responsable de la veille économique chez Fluxys, groupe qui gère des infrastructures de gaz, à Business AM. « Nous voulons en fait devenir les partenaires essentiels en matière d’infrastructures pour accélérer la transition énergétique. »

L’essentiel :  » Nous voulons travailler avec tous les acteurs possibles pour lutter contre le réchauffement climatique « , explique Rémy.

  • Pour ce faire, Fluxys a mis en place une nouvelle stratégie, poursuit-il. « Nous voulons renforcer, élargir et connecter ».
  • Pour y parvenir, un certain nombre de choses seront mises en place. Tout d’abord, Fluxys veut développer l’infrastructure en Belgique pour transporter différents vecteurs énergétiques. « Aujourd’hui, nous transportons du gaz via notre infrastructure. Demain, nous voulons transporter d’autres nouvelles molécules, comme l’hydrogène et le CO2, en plus du gaz de synthèse ou du biométhane. »
  • Fluxys souhaite offrir à ses clients une capacité de transport de 30 térawattheures pour l’hydrogène et de 30 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030. L’infrastructure existante à Zeebruges devrait jouer un rôle clé à cet égard.
    • La Belgique a d’ailleurs conclu un accord avec l’Allemagne, récemment. Davantage de gaz et de l’hydrogène seront acheminés vers notre voisin. Du CO2 capturé sera envoyé en Belgique, pour être stocké en mer du Nord et Zeebruges sera la plaque tournante de ces échanges.
  • « Nous avons fait de la Belgique un carrefour. Nous voulons garder le même rôle dans le contexte des nouvelles molécules. » Remy parle entre autres d’hydrogène vert, d’ammoniac vert, de biométhane et de méthane synthétique.
    • Le terminal que gère Fluxys à Zeebruges est effectivement un « carrefour » : 15% des livraisons de gaz pour l’Europe passent par chez nous.

L’hydrogène, vraiment « vert » ?

Le détail : l’hydrogène a encore de nombreux opposants.

  • Ils critiquent notamment les perte lors du transport : une partie s’échappe dans l’atmosphère, et amplifie l’effet de serre. Son utilisation comme carburant est aussi critiquée : il serait plus simple d’utiliser l’électricité verte pour alimenter les véhicules directement, au lieu d’alimenter des électrolyseurs. Autre point de discorde : son prix. L’industrie n’est qu’à ses balbutiements, et la production est encore très chère comparée aux autres sources d’énergie.
    • Dans d’autres applications, comme la sidérurgie, il pourrait cependant remplacer le gaz naturel et réduire les émissions de CO2, tout comme dans les produits chimiques. A condition qu’il soit « vert » et pas « gris ».
  • Sa production pose en effet question : à côté de l’hydrogène vert (produit par électrolyse avec de l’électricité verte), il y a l’hydrogène gris et/ou bleu. Ce dernier est extrait du méthane, ce qui libère d’énormes quantités de CO2. Pour l’hydrogène « bleu », le dioxyde de carbone est capturé lors de la production, mais cette capture est moins efficace que ce qui est annoncé.
  • Bref, ce vecteur énergétique a encore des défis devant lui.

CP

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