L’Allemagne va construire de nouvelles centrales au gaz, mais elles seront « prêtes pour l’hydrogène »: Scholz en pleine opération greenwashing ?

Ce mardi, Olaf Scholz a annoncé que l’Allemagne allait démultiplier ses capacités de production d’électricité au gaz. Mais ces nouvelles centrales seront, selon lui, conçues pour fonctionner également à l’hydrogène. Un discours servant à masquer ses responsabilités ?

Pourquoi est-ce important ?

L'an passé, l'Allemagne a définitivement tourné le dos au nucléaire. Elle mise énormément sur le renouvelable, en tout cas sur le long terme. Mais comme cette solution n'est pas (encore ?) viable pour les années à venir, elle préfère continuer de compter sur le gaz, pourtant très polluant.

Dans l’actu : nouvelles centrales au gaz en vue.

  • En ce début de semaine, Olaf Scholz a annoncé que l’Allemagne allait construire de nouvelles centrales électriques au gaz.
  • Ces installations pourront également fonctionner à l’hydrogène, a ajouté le chancelier.

Le détail : jusqu’à 21 GW supplémentaires.

  • Scholz a précisé que ces nouvelles centrales au gaz accroîtront la capacité du pays de 17 à 21 GW supplémentaires. Un très grand bond en avant, dans la mesure où les installations actuelles offrent une capacité de 27,5 GW.
  • Selon les plans du gouvernement allemand, ces nouvelles centrales ne fonctionneront pas en continu. Elles seront là « en secours », lors des périodes où il n’y aura pas suffisamment de vent ni de soleil que pour répondre à la demande en électricité du pays.
  • « Nous ne perdons pas de vue l’objectif de la décarbonisation : afin de stabiliser l’approvisionnement, nous construirons de nouvelles centrales à gaz qui pourront à l’avenir fonctionner à l’hydrogène », a précisé le chancelier allemand.
    • De l’hydrogène vert, en théorie, mais qui sera plutôt vert pâle dans la mesure où une partie sera importée de pays lointains, voire très lointains, dont l’Australie.
  • L’annonce n’est pas surprenante, la stratégie allemande étant déjà connue. Le mois dernier, le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck avait déjà fait savoir que son gouvernement allait très bientôt mettre aux enchères un « grand nombre » d’installations de ce type.
    • « Nous devons agir avant que la demande ne soit là », avait-il déclaré.

Un long chemin (de croix ?) avant de passer à l’hydrogène

L’analyse : l’hydrogène pour faire passer la pilule ?

  • Selon certains analystes, la manœuvre du gouvernement Scholz est irresponsable. Car même si elles ne sont pas censées fonctionner en continu et qu’elles sont « prêtes pour l’hydrogène« , ces nouvelles centrales au gaz engendreront de nouvelles émissions de dioxyde de carbone pendant un certain temps.
  • Rappelons par ailleurs que depuis l’an passé, l’Allemagne est occupée à se doter de nouvelles capacités d’importation de gaz naturel, via la construction de terminaux GNL.
  • La production d’électricité via l’hydrogène étant un procédé qui n’a pas encore fait ses preuves à grande échelle, il y a fort à parier que ces centrales continueront de fonctionner au gaz pendant un bon bout de temps. On parle même de quelques dizaines d’années.
  • Cela reportera le problème sur le dos des gouvernements qui suivront celui de Scholz. Comme il devrait leur être impossible de faire fonctionner ces centrales à l’hydrogène à court et moyen long termes, ils seront contraints de continuer de les faire tourner au gaz. Ce qui amènera inévitablement son lot de critiques, résume sur Twitter Maxence Cordiez, ingénieur français actif au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
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