La France trahie par l’Allemagne et l’Espagne ? Furieuse, elle serait prête à bloquer tout un pipeline pour sauver l’hydrogène d’origine nucléaire

Ce jeudi, Bruxelles accueille un sommet de l’Union européenne qui s’annonce tendu. Les deux plus grandes économies d’Europe risquent de s’affronter un sujet délicat : l’hydrogène produit à partir du nucléaire.

Pourquoi est-ce important ?

Si l'utilisation de l'énergie renouvelable ne souffre d'aucune contestation dans le cadre de la transition énergétique, celle du nucléaire continue de faire débat. Certains pays adorent l'atome, d'autres l'abhorrent. Un grand écart qui se reflète aussi sur un autre élément majeur de la transition : l'hydrogène.

Dans l’actu : la France furieuse contre l’Allemagne et l’Espagne.

  • La France s’attend à ce que l’Allemagne et l’Espagne lui plante un couteau dans le dos lors du sommet européen de cette fin de semaine au sujet de l’hydrogène produit à partir du nucléaire.
  • De leur côté, Berlin et Madrid ne voient pas en quoi il s’agirait d’une trahison. Selon elles, c’est surtout un malentendu.

L’enjeu : la labellisation de l’hydrogène issu du nucléaire.

  • La France, pro-nucléaire, veut absolument que l’UE intègre l’hydrogène d’origine nucléaire, aussi appelé hydrogène rose, dans ses objectifs renouvelable.
  • Dans cette quête, Paris peut compter sur le soutien de la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne, la Slovénie, la Croatie, la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque, rapportait Euractiv la semaine dernière.
  • Neuf pays, c’est bien, mais ce n’est pas assez. D’autant plus que la France s’attendait à recevoir le soutien du poids lourd allemand et de l’Espagne. Sauf que cela ne se passe pas comme prévu.

Trahison ou malentendu ?

La promesse (?) : Barmar.

  • Fin 2022, la France et l’Espagne avaient officialisé leur accord pour la construction d’un pipeline à hydrogène sous-marin entre Barcelone et Marseille (« BarMar » ou « H2Med »). Une liaison qui doit être opérationnelle pour 2030 et qui devrait permettre à l’Espagne (et au Portugal) d’envoyer leur hydrogène vert (produit par électrolyse à partir d’énergies renouvelables) vers d’autres pays européens via la France.
  • Fin janvier, l’Allemagne, intéressée par tout ce qui lui permet de remplacer le gaz russe, a été ajoutée au projet.
  • Avec cet accord tripartite, la France avait compris que l’Allemagne et l’Espagne la soutiendraient à Bruxelles pour faire entrer son hydrogène dans les objectifs renouvelables européens. Mais il n’en sera rien.
  • À Berlin et à Madrid, on indique qu’on n’a jamais fait une telle promesse à la France, assurent des sources à Reuters.
    • « Peut-être que le calcul des Français était que l’idée serait plus facilement acceptée par leurs partenaires, mais ça, c’est autre chose », a précisé un représentant allemand.

Ces négociations ne prennent pas une bonne tournure.

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique.

Et maintenant : le pipeline bloqué ?

  • Selon plusieurs responsables interrogés par Reuters, Emmanuel Macron, fâché, pourrait mettre en place un chantage autour de BarMar.
    • Si Allemands et Espagnols ne soutiennent pas les Français autour de l’hydrogène d’origine nucléaire, le président pourrait décider de geler le projet BarMar.
  • « Il est évident que la France ne donnerait son accord à BarMar que si elle pouvait utiliser le pipeline à l’avenir pour envoyer son hydrogène (issu du nucléaire) vers la péninsule ibérique », s’est inquiété un responsable d’un pays du sud de l’Europe auprès d’Euractiv. « Le fait est que sans la France, il n’y aura pas de BarMar. »
  • Plusieurs responsables européens craignent que ce différend ne s’étende à d’autres projets de réglementation autour de l’hydrogène, voire même plus globalement à d’autres projets de nature énergétique.
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