Les hôpitaux au bord du gouffre: ‘Ce que nous faisons maintenant va être décisif’

Les différentes tendances des chiffres du coronavirus en Belgique continuent d’augmenter. Et la situation dans les hôpitaux se dégradent inexorablement, en particulier à Bruxelles et en Wallonie, mais la Flandres prend le même chemin. Si les mesures décidées le week-end dernier n’enrayent pas la propagation du virus, les services hospitaliers pourraient être saturés dans les deux semaines.

Les hôpitaux belges comptent actuellement 4.827 patients atteints du Covid-19, selon les derniers chiffres communiqués par Sciensano ce lundi matin. Parmi eux, 757 se trouvent dans les unités de soins intensifs. Entre le 16 et le 22 octobre, 468 patients infectés par le coronavirus ont, en moyenne, été admis quotidiennement dans les hôpitaux, ce qui représente une augmentation de 85% par rapport à la période précédente.

‘Dans les 4 jours, d’ici la fin de la semaine, nous devrions franchir le cap des 1.000 patients en soins intensifs’, a expliqué le porte-parole interfédéral, Yves Laethem, ce lundi en conférence de presse.

Vers une saturation des soins intensifs dans 15 jours

Les services hospitaliers disposent actuellement, en phase 2A, de 8.700 lits Covid-19 disponibles, dont 1.500 en soins intensifs. Si nécessaire, un passage en phase maximale 2B peut encore être décidé. Des lits supplémentaires seraient encore créés (au détriment d’autres services). Au total, il pourrait ainsi y avoir 2.000 lits disponibles aux soins intensifs et 8.000 dans les autres services pour les patients infectés par le coronavirus. Jusqu’à 10.000 patients pourraient alors être accueillis dans les hôpitaux belges.

Mais Yves Van Laethem s’est montré très clair ce lundi matin: ‘Sans modification de la courbe par notre comportement, on devrait atteindre dans 15 jours, les 2.000 patients en soins intensifs, soit notre capacité maximale’, a-t-il mis en garde. ‘C’est le moment où jamais pour découvrir le bouton ‘pause’ de notre tableau de bord personnel. On ne le dira jamais assez: ce que nous faisons maintenant va être décisif pour le système hospitalier.’

‘On est déjà dans le mur’

Toutefois, il s’agit là des chiffres à l’échelle nationale. Dans les faits, la saturation est déjà atteinte dans plusieurs hôpitaux de Wallonie. ‘La phase 2B, on y est déjà officieusement’, affirme Lucien Bodson, coordinateur du plan urgence au CHU de Liège, au journal Le Soir. ‘On a déjà donné la priorité au Covid, comme on le redoutait. Mais on oublie qu’à côté des patients atteints par le coronavirus, d’autres souffrent d’AVC, de problèmes cardiaques, etc. Ils demandent eux aussi des soins. On est déjà dans le mur.’

Et dans la capitale, la situation n’est guère bien meilleure. ‘Au moment où je vous parle, on a, dans les sites du Chirec, 136 patients et 17 aux soins intensifs, ce qui donne 50% de notre capacité d’USI’, détaille Philippe El Haddad, directeur médical du Chirec à Bruxelles, dans La Libre. ‘Nous allons pouvoir gérer, mais en laissant de côté d’autres patients. C’est inconcevable.’

‘Les mesures ont été prises trop tard’, estime également le médecin bruxellois. ‘Le couvre-feu et toutes ces restrictions décidées il y a quelques jours auraient peut-être pu être annoncés plus tôt, tout comme je crois que le plan de répartition entre les hôpitaux aurait dû être activé plus rapidement par les autorités.’

À peine moins pessimiste, le docteur Philippe Devos, président du syndicat de médecins Absym, estime pour sa part que ‘les mesures prises par les gouvernements au cours des derniers jours sont les dernières cartes du jeu que l’on puisse abattre’. ‘Après, ce sera le point de non-retour’, prévient-il dans le Soir.

La Flandre a 10 jours de retard sur la Wallonie

Le plan de gestion des hôpitaux prévoit certes des transferts de patients atteints du Covid-19 en cas de saturation de l’un ou l’autre hôpital. Mais chose inquiétante, le Nord du pays semble prendre le même chemin que le Sud, ‘avec un timing différent’, si l’on en croit Yves Van Laethem. Dans la mesure où les plus fortes augmentations en pourcentage ont actuellement lieu en Flandre, ‘on peut donc estimer que l’évolution épidémiologique dans la partie flamande du pays a dix jours de retard sur celle que nous connaissons en Wallonie’, a-t-il pointé.

Entre le 16 et le 22 octobre, une infection à coronavirus a été diagnostiquée chaque jour chez 12.491 Belges en moyenne. Cela représente une augmentation de 44% par rapport à la période précédente de 7 jours. 321.031 personnes ont désormais été officiellement infectées par le virus dans notre pays depuis le début de la pandémie.

Chaque jour, 66.900 personnes en moyenne sont soumises à un test Covid-19. Pratiquement une sur cinq est diagnostiquée positive. Cela signifie que le taux de positivité continue à augmenter dans notre pays.

Enfin, toujours entre le 16 et le 22 octobre, on a déploré la mort de près de 42 personnes par jour à cause du virus (+11,6% par rapport à la période précédente). Le bilan officiel fait à ce jour état de 10.810 décès des suites du Covid-19 dans notre pays.

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