Les banques s’engagent sur le « zéro net », mais elles ne sont même pas d’accord sur ce que cela signifie

Le terme « zéro net » est rapidement entré dans le vocabulaire de Wall Street et de Londres, mais il n’y a pas de consensus sur sa signification. C’est pourquoi l’initiative Science Based Targets (SBTi) publie ce mercredi un rapport visant à clarifier la situation. Juste à temps pour le « finance day » du sommet climatique COP26.

« Le rapport de la SBTi doit être considéré comme une première étape dans l’élaboration d’une norme zéro net fondée sur la science pour les institutions financières », indique le groupe à l’origine du rapport.

Ce travail est important car les plus grandes banques et les plus grands gestionnaires de fonds du monde se sont engagés à ne produire aucune émission nette de carbone d’ici 2050. Le « manque de définitions, de mesures et de preuves de stratégies efficaces pour atteindre les objectifs limite la capacité des institutions financières à soutenir correctement les réductions d’émissions. Un objectif crucial pour stabiliser les températures à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels », ajoute la SBTi.

L’absence de cohérence « autour de ce que signifie zéro net permet aux institutions financières de prétendre qu’elles font plus que ce qu’elles font. De plus, il est impossible de vérifier ces affirmations », souligne Cynthia Cummis, directrice technique et partenaire fondatrice de SBTi.

Complicité

En apportant un soutien financier aux entreprises polluantes, les banques, les gestionnaires d’actifs et les assureurs sont les principaux responsables du réchauffement climatique. Ils pourraient utiliser cette même influence pour encourager les entreprises auxquelles elles prêtent et dans lesquelles elles investissent à décarboner leurs activités et à investir dans les technologies vertes.

« Si les institutions financières veulent mettre l’économie mondiale en conformité avec les objectifs de l’accord sur le climat, elles doivent user de leur influence et de leur responsabilité communes pour éliminer les obstacles à la réduction des émissions », indique la SBTi.

Trois approches

Le rapport de la SBTi est arrivé juste à temps pour le « finance day » de la COP26, la conférence des Nations unies sur le climat qui se tient à Glasgow. Le travail a permis d’étudier trois grandes approches sur la manière dont les entreprises financières peuvent atteindre des émissions nettes nulles :

  • réduire les émissions dites « financées » conformément aux trajectoires de décarbonisation à 1,5°C pour chaque secteur;
  • aligner « toutes les activités de financement sur les parcours zéro net pertinents, de sorte que chaque actif individuel atteigne un état zéro net »,
  • et permettant aux institutions financières de « contribuer à l’objectif zéro net d’une manière qui garantisse un financement transitoire à la fois pour les activités de décarbonisation et pour le financement d’autres solutions climatiques. »

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a également appelé à une définition plus stricte de la notion de « zéro ». Il a déclaré qu' »il y a un manque de crédibilité et un surplus de confusion au sujet des réductions d’émissions et des objectifs zéro net, avec des significations différentes et des méthodes de mesure différentes ». C’est pourquoi il a . annoncé qu’il envisageait de mettre en place un groupe d’experts « afin de proposer des normes claires pour mesurer et analyser les engagements zéro net des acteurs non étatiques ».

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