Les 11 grandes inconnues de la reprise économique mondiale

La récession qui a suivi l’apparition de la pandémie n’a pas connu de comparaison. Mais la reprise économique sera également d’une nature sans précédent. Pourtant, le monde post-covid n’est guère comparable à ce que nous connaissions auparavant. Une reprise de la croissance, oui, mais avec beaucoup de si…

1. Les pénuries s’accumulent

Une pénurie mondiale de semi-conducteurs met en péril la production et l’emploi dans le secteur automobile. Les compagnies maritimes sont également confrontées à une pénurie de conteneurs. L’envoi d’un conteneur de Shanghai à Los Angeles en janvier coûtait déjà 3.300 euros de plus que le mois précédent. Selon le port de Shanghai, le prix d’une expédition par conteneur est désormais 2,4 fois plus élevé que l’année dernière.

2. Où sont les employés ?

Le PDG de la chaîne hôtelière française Accor a récemment déclaré qu’il s’attendait à ce qu’un quart de ses employés ne reprennent pas le travail. Même chose au niveau des bars et restaurants: certains qui sont partis ne reviendront pas, ayant adopté une réorientation de carrière durant la pandémie.

Les États-Unis ont toujours 8 millions de chômeurs de plus qu’avant la crise. Parmi eux, 18% n’ont pas encore été rappelés par leur ancien employeur, tandis que 4 % ne cherchent pas de travail. Cela a tout à voir avec les généreux avantages approuvés par l’administration Biden. De grandes entreprises comme McDonald’s et Amazon ont été contraintes d’augmenter considérablement le salaire minimum pour attirer de nouveaux employés.

3. L’inflation inquiète

En avril, les États-Unis ont enregistré une inflation de 4,2%. En Europe, qui est sortie de l’impasse un trimestre plus tard, l’inflation a atteint 1,6%, contre 0,4% un an plus tôt. L’inflation est le résultat direct de la hausse des prix des matières premières et de la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Néanmoins, nombreux sont ceux qui affirment qu’il s’agit d’un phénomène temporaire et que l’inflation diminuera au cours du second semestre de l’année. Si l’inflation devient trop importante, les banques centrales pourraient se décider à augmenter les taux d’intérêt.

4. Les taux d’intérêt commencent à augmenter

Les pays de l’UE ne peuvent plus emprunter à des taux d’intérêt négatifs. En outre, la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis continue de peser sur la tête de la BCE comme une épée de Damoclès. Le taux américain à dix ans est actuellement de 1,66%. Au début de cette année, il était encore de 0,9%. Cela a déjà incité la banque centrale à acheter davantage de dette ces dernières semaines. La BCE est préoccupée par le fait que la hausse des taux d’intérêt à dix ans aux États-Unis (US) aura une incidence sur la situation financière des entreprises, des ménages et des pays de la zone euro. La hausse des taux d’intérêt dans la zone euro, comme aux États-Unis, est actuellement indésirable.

Au niveau des dettes publiques, pas besoin n’ont plus de faire un dessin. En France, au cours de la seule année 2020, la dette publique s’est accrue de près de 300 milliards d’euros et de plus de 16 points de PIB, à 116%. La dette publique de la Belgique s’est appréciée dans les mêmes proportions à 114% du PIB.

Eurostat.

5. Les banques centrales ne savent pas quoi faire

Les banques centrales considèrent l’inflation comme un « phénomène temporaire ». Mais de plus en plus d’économistes s’interrogent à ce sujet. La démographie mondiale fait que moins de personnes travaillent et que les gens vivent plus longtemps. La déflation des prix sur les salaires provoquée par la Chine touche également à sa fin. Résultat : plus de consommation et une production plus coûteuse.

6. Les épargnants ne vont pas tous se relâcher

Dans presque tous les pays occidentaux, il y a beaucoup plus d’argent sur les comptes d’épargne qu’avant. Également en Belgique. Pourtant, 70% de cette épargne se trouve parmi les 20 de personnes ayant les revenus les plus élevés. Il est donc peu probable qu’une grande partie de cet argent revienne dans l’économie.

7. Les inégalités économiques sont en hausse

Selon le FMI, 95 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté l’année dernière. Les victimes de la crise sont principalement les femmes, les personnes peu instruites et les jeunes. De même, l’absence de vaccins dans les pays pauvres ne fera qu’accroître l’inégalité économique entre le premier et le tiers monde.

A une échelle plus proche, tous n’auront pas pu épargner. Ainsi en Belgique, 20% des ménages n’ont pas épargné le moindre centime.

8. Les variants du coronavirus imposent de nouvelles mesures restrictives

Une deuxième vague agressive en Inde, mais aussi l’apparition de nouveaux variants dans d’autres pays, nous obligent à être prudents. Si nous devons « apprendre à vivre avec le virus », les vaccins sont encore trop jeunes pour connaître leur efficacité à long terme. Si l’épidémie perdure en 2022, c’est clairement le scénario catastrophe.

9. La productivité continue de s’essouffler

OCDE

Les généreuses promesses politiques d’augmentation des salaires, des avantages sociaux, des pensions et autres ne peuvent être financées que par une augmentation de la productivité et/ou du nombre de personnes au travail. Ce dernier point serait de toute façon utile, mais la véritable différence pour notre prospérité future doit être faite par la croissance de la productivité. Et cela ne semble pas très prometteur. La croissance de notre productivité ralentit depuis des décennies et s’est pratiquement arrêtée juste avant la crise actuelle. En outre, notre ralentissement, en Europe, a été plus prononcé que dans les autres pays industrialisés.

10. Un tsunami de faillites se dirige vers nous

Le spectre d’un tsunami de faillites plane sur l’Europe. Plus de 200.000 entreprises des quatre plus grands pays de la région sont menacées si l’aide financière d’urgence vient à manquer.

La BCE met également en garde contre les faillites si les mesures de relance pour les pandémies sont levées.

11. Les plans de relance ne sont pas alignés

Les États-Unis ont déjà injecté des milliers de milliards de dollars dans l’économie sous les administrations de Donald Trump et de Joe Biden. Dans l’UE, le premier euro du plan de relance de 750 millions d’euros n’a pas encore été dépensé. Ce qui menace de faire surchauffer l’économie américaine et de conduire à une nouvelle récession dans la zone euro.

La manière dont les pays de l’UE investiront les milliards qui leur ont été promis soulève également des questions.

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