L’élection présidentielle n’a pas été volée, mais le Parti républicain reste le « parti de Trump » jusqu’à nouvel ordre

« L’élection n’a pas été volée, Trump l’a perdue », peut-on lire dans le livre de 600 pages « One Damn Thing After Another » de l’ancien procureur général des États-Unis Bill Barr, qui sortira le 8 mars. Plusieurs médias américains en ont reçu une copie.

Barr a protégé Trump pendant l’enquête Mueller, mais a rompu avec lui sur le mythe de l’élection volée. Il écrit qu’il est convaincu que Trump aurait pu remporter l’élection en 2020. « S’il avait fait preuve d’un minimum de retenue et modéré un tant soit peu sa mesquinerie. »

On dirait bien que Barr essaie de récupérer sa virginité à moindre coût, après avoir été si souvent accusé de politiser le système judiciaire fédéral.

Barr aussi a eu à subir les feux de Donald Trump. Ce dernier a déclaré que Barr entrerait dans l’histoire comme « un personnage très, très triste ». Parce qu’il a refusé d’ordonner l’arrestation de Barack Obama et de Joe Biden.

Trump oublié, mais pas sa doctrine

Dans son livre, Barr exhorte les conservateurs à oublier Trump, mais pas sa doctrine. Selon lui, les républicains devraient se pencher sur « un éventail impressionnant de jeunes candidats » qui partagent le programme de Trump, mais pas son « comportement personnel erratique ». Cependant, il ne mentionne aucun de ces candidats par leur nom.

Barr est un conservateur classique dans la droite ligne de Reagan, et il a été secrétaire à la justice dans l’administration de George H.W. Bush. Il incarne la droite américaine, séduite par la puissance électorale de Trump et de ses nouveaux électeurs blancs issus de la classe ouvrière productive. Cette aile continue de rêver au pouvoir, mais sans les excès de Trump.

Ron DeSantis

Gouverneur DeSantis – isopix.be

Cela nécessitera une figure de proue plus disciplinée, cependant. Celui qui peut maintenir des liens avec les Américains riches sans perdre le réservoir d’électeurs blancs peu éduqués. Un nom qui circule constamment dans ce contexte est celui de Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, très populaire dans les milieux républicains. Il est diplômé avec mention de Yale et de la faculté de droit de Harvard. Il est aussi connu pour ses positions anti-vax radicales.

DeSantis serait également prêt à signer le projet de loi « Don’t Say Gay » qui vient d’être approuvé par la Chambre des représentants de Floride. Elle interdit toute discussion sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre dans les écoles primaires.

Si le parti républicain parvient à se débarrasser de Trump, les chances restent minces de voir le conservatisme américain se réorienter sous l’impulsion d’une figure comme DeSantis.

Si on en arrive là, car la semaine dernière a eu lieu en Floride la CPAC annuelle, la grand-messe du conservatisme américain. Un sondage réalisé sur place indique que 85% des participants soutiendraient Trump en 2024. C’est 17% de plus que l’année dernière. DeSantis a terminé deuxième avec 28%, l’ancien secrétaire d’État Pompeo n’a pas dépassé les 2%. En bref, le GOP reste le parti de Trump jusqu’à nouvel ordre.

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