‘Le club des 4’ torpille le projet d’accord franco-allemand sur une relance européenne

C’est une confirmation: les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark ne veulent pas entendre parler de la relance version Merkel-Macron. La tension est à son comble.

Ce devait être un moment hamiltonien, du nom de ce secrétaire d’État au Trésor, qui a en 1790, a rassemblé les dettes accumulées par les États américains pour les mettre en commun.

Tels Alexander Hamilton et Thomas Jefferson à l’époque, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont voulu réaliser ce vieux rêve des pro-européens et des défenseurs des ‘États-Unis d’Europe’, version Guy Verhofstadt. Car cette mutualisation des dettes a en fin de compte renforcé l’Etat fédéral américain, comme il pourrait le faire au bénéfice d’une Europe supranationale.

Cet accord, il s’agit d’une enveloppe de 500 milliards d’euros, non pas sous forme de prêts, mais bien d’aides directes. Une révolution en Allemagne qui prône depuis des décennies l’orthodoxie budgétaire, comme l’a montré la précédente crise majeure au sein de l’UE: la crise grecque. L’Allemagne sait qu’elle doit désormais prendre soin de ces principaux marchés d’exportations, dont font partie les États du sud de l’Europe, terriblement touchés par la crise sanitaire, à l’exception du Portugal, et… de la Grèce.

Mais cet accord signé entre Merkel et Macron illustre une nouvelle fois l’opposition entre deux camps, caricaturés en ‘club de radins’ et ‘pays du Club Med’. Les 4 États frugaux, les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède, ne veulent pas d’une Europe qui emprunte conjointement, pour les redistribuer aux États les plus touchés par la crise.

Semaine importante

La Commission est coincée au milieu et fait face à un dilemme: Ursula von der Leyen doit présenter son plan de sauvetage cette semaine, et la question est de savoir s’il faut ou pas y intégrer le plan de sauvetage franco-allemand.

Concrètement, si cette mutualisation de la dette ne prend pas, les États devront emprunter individuellement pour la relance économique. Avec leurs finances dans le rouge, les ‘États les plus faibles’ devront emprunter avec un taux d’intérêt plus important.

Mais pour le ‘club des 4’, il s’agit justement d’un ultime rempart: si ce bâton disparaît, quel est encore l’intérêt de conserver des finances saines? L’Europe se déchire une nouvelle fois en deux, et pour l’heure, le coup de pression des dirigeants allemands et français ne paye pas. Au contraire, il exacerbe les tensions.

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