‘La Russie a engagé un réseau de Britanniques pour poursuivre les ennemis de Poutine’

Selon le journal The Guardian, la Russie a été accusée d’avoir engagé un réseau de politiciens et de consultants britanniques pour l’aider à faire avancer ses intérêts criminels et à ‘s’en prendre’ aux ennemis de Vladimir Poutine à Londres.

Si la sortie du prochain James Bond ‘No Time To Die’ a été repoussée d’avril à novembre en raison de craintes liées à l’épidémie du coronavirus, vous pouvez toujours vous consoler avec cette nouvelle saga digne de l’agent 007. The Guardian indique non seulement que ledit rapport sur la Russie a été supprimé par le Premier ministre Boris Johnson, mais aussi que les députés britanniques qui l’ont rédigé ont été informés d’une ‘infiltration’. Fondu enchaîné.

Le militant et financier Bill Browder affirme ainsi que Moscou avait pu ‘infiltrer’ la société britannique en utilisant des intermédiaires (britanniques, eux aussi) particulièrement bien payés. ‘Certains avaient des raisons de savoir exactement ce qu’ils faisaient et pour qui’, a déclaré Browder à la commission parlementaire du renseignement et de la sécurité (ISC). D’autres ‘travaillent involontairement pour les intérêts de l’Etat russe’, a-t-il affirmé.

Un réseau d’espionnage

Ces fameux intermédiaires présumés à demi-mot sont des politiciens du Parti travailliste et du Parti conservateur, d’anciens agents de renseignement et diplomates, et des grandes sociétés de relations publiques. Ils constituent ce que Browder nomme un ‘réseau tampon occidental’.

‘Oui, il y a des membres des services de sécurité russes qui travaillent à l’ambassade de Russie sous couverture diplomatique’, assure-t-il. ‘Ce qui semble manquer au gouvernement, c’est le fait qu’il existe toutes sortes de réseaux d’espionnage informels. Il y a des oligarques russes qui ont un impact beaucoup plus important sur la sécurité de ce pays. Le plus choquant est que le gouvernement russe engage indirectement des ressortissants britanniques pour les aider dans ses opérations de renseignement.’

Moscou se sert en fait de ces professionnels pour masquer ses intérêts étatiques, selon ses dires. La Russie ‘les déploie pour attaquer les critiques de Poutine, renforcer la propagande et la désinformation russes et pour faciliter et dissimuler des opérations massives de blanchiment d’argent’, a-t-il déclaré. C’est donc du sérieux.

Sans grande surprise, le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a qualifié ces affirmations de fausses et totalement infondées. ‘Les questions relatives à la corruption au sein de l’État russe sont un exemple parfait de russophobie maniaque’, a-t-il ajouté.

Johnson a refusé de publier le rapport

The Guardian a pourtant publié les preuves auparavant confidentielles de l’ISC qui a mené une enquête de deux ans sur la façon dont le Kremlin cherche à influencer et à subvertir la politique et la société britanniques. Le comité a produit à son terme un rapport d’une cinquantaine de pages prêt à être publié en novembre dernier… Juste avant les élections. Sauf qu’il ne l’a jamais fait.

Le Premier ministre a donc été accusé de refuser sa publication. Downing Street ne l’a autorisé qu’après les élections, qualifiant le document de décevant. Les députés de l’opposition ne sont pas du même avis. Sauf que le rapport n’est pas près d’être publié avant plusieurs semaines en raison notamment de lourdeurs administratives.

Notons que le Kremlin a émis plusieurs mandats d’arrêt d’Interpol contre Browder et l’a qualifié de criminel, déjà empêtré dans plusieurs affaires (compliquées) avec Moscou et expulsé de la capitale en 2005. Browder qui de son côté se dit victime d’une vendetta de la part de fonctionnaires corrompus de l’État. À quand une adaptation cinématographique?

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