Scandales d’espionnage et lutte interne ont eu raison du CEO de Crédit Suisse

Tidjane Thiam quitte la banque Crédit Suisse. Il en était le CEO depuis 2015, mais un scandale d’espionnage en septembre dernier et une lutte de pouvoir acharnée au sein de la direction l’ont finalement poussé à la démission.

Thomas Gottstein, actuellement à la tête de la branche suisse de Crédit Suisse, deviendra le nouveau CEO de la banque.

Détectives privés

L’automne dernier, Crédit Suisse a été mis sur la sellette pour avoir fait appel à des enquêteurs privés afin de suivre Iqbal Khan. Ce cadre de haut rang, directeur de la gestion internationale de fortune, venait à l’époque de démissionner soudainement pour rejoindre UBS, le grand rival. La crainte de Crédit Suisse était que Khan ne veuille pousser d’autres banquiers à rejoindre son nouvel employeur.

L’affaire a coûté son poste au chef des opérations, Pierre-Olivier Bouée, qui aurait commandité cet espionnage. Un audit interne a innocenté Tidjane Thiam, qui n’aurait donc pas été impliqué dans ce recrutement d’enquêteurs privés.

Cependant, Bouée était très proche de Thiam, ce qui sème le doute. De plus, Iqbal Khan aurait quitté Crédit Suisse suite à un conflit avec le désormais ex-CEO.

Tidjane Thiam et le président conseil d’administration de Crédit Suisse, Urs Rohner, étaient par ailleurs déjà engagés dans une lutte de pouvoir depuis un certain temps, avec la domination de la banque comme enjeu. La relation entre les deux hommes s’est encore détériorée après le scandale de l’espionnage. Le président de 60 ans, qui avait recruté Thiam, l’a dans un premier temps soutenu publiquement. Mais ce soutien s’est arrêté lorsqu’il s’est avéré que d’autres cadres qui avaient également quitté la banque ont aussi été suivis.

Dernier acte de ce scandale d’espionnage: le journal SonntagsZeitungg a affirmé le week-end dernier la surveillance organisée par Crédit Suisse aurait également visé l’organisation écologiste Greenpeace.

Une rivalité acharnée

Les investisseurs américains et britanniques ont cependant soutenu jusqu’au bout l’Ivoirien de 57 ans et ils ont fait pression sur le conseil d’administration pour qu’il se débarrasse de Rohner à la place de Thiam. Le CA s’est donc finalement retourné contre les investisseurs et a poussé Thiam vers la sortie.

Il semble donc que le ‘clan suisse’ au sein de la banque ait remporté la lutte de pouvoir interne. Mais le conseil d’administration est désormais probablement en guerre ouverte avec les investisseurs étrangers.

L’héritage de Thiam

La banque Crédit Suisse est surtout connue pour gérer l’argent de personnes très riches. Depuis qu’il en était devenu PDG en 2015, Thiam avait supervisé d’importantes restructurations au sein de l’institution.

Durant son mandat, le département des investissements a été réduit de façon drastique. L’accent était mis sur la vente de produits d’investissement aux super-riches. Les revenus provenant de la gestion d’actifs ont ainsi augmenté pour atteindre près des deux tiers du total. Avant la restructuration, ils comptaient pour environ la moitié.

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