La récente reprise des marchés boursiers est un effet FOMO: les investisseurs sous-estiment la guerre en Ukraine

La semaine dernière, de nombreux indices boursiers européens ont connu leur meilleure période depuis plus d’un an. Les experts préviennent toutefois que les investisseurs sous-estiment les risques liés à la guerre en Ukraine. Ils notent que l’on parle à nouveau de « Fear of missing out » (FOMO) sur les marchés.

Tout investisseur se souvient sans doute de la forte correction des marchés boursiers peu après l’éclatement de la crise du coronavirus. En un peu moins d’un mois, le Bel20 par exemple est passé de plus de 4.180 points à seulement 2.730 points, soit une perte de près de 35 %, et nous avions également assisté à des scènes similaires dans les autres indices.

Une reprise robuste

Ce qui a suivi a été un solide mouvement de reprise, en partie dû aux banques centrales, qui ont reporté le resserrement de la politique monétaire ou pris des mesures supplémentaires. La Banque centrale européenne (BCE), par exemple, a lancé le programme PEPP, un programme d’achat d’urgence par lequel le régulateur a racheté pour 1.850 milliards d’euros de titres de créance.

C’est cette reprise après le début de la crise qui a incité les investisseurs à acheter des actions en masse la semaine dernière. Ils craignent de manquer une nouvelle opportunité d’achat, comme ce fut le cas en 2020. Mais Dominic Wilson et Vickie Chang, stratèges chez Goldman Sachs, ont averti le week-end dernier que le marché sous-estimait les implications mondiales de la guerre en Ukraine.

« Cette sous-estimation rend les marchés boursiers très vulnérables en ce moment », ont-ils signalé. « Et s’il s’avère qu’il n’y a toujours pas de solution à la guerre ? Ou si les conséquences sur l’approvisionnement en énergie sont plus importantes que prévu ? »

Philippe Gijsels, stratège en investissement chez BNP Paribas Fortis, invite également les investisseurs à rester prudents. « Les investisseurs semblent être très activement à la recherche de bonnes nouvelles », a-t-il noté la semaine dernière. « Mais le flux de nouvelles n’est pas toujours encourageant. La situation reste très incertaine et fragile. »

Goldman Sachs prédit qu’une interruption de l’approvisionnement en gaz pourrait avoir un impact à la baisse de 2,5 points de pourcentage sur le PIB européen. L’impact sur le PIB américain serait de 0,25 pour cent. Une escalade du conflit en Ukraine pourrait fixer le S&P500 à 4.059 points. Cela représente une baisse de près de 8 % par rapport au cours de clôture de jeudi.

Les banques centrales suivent des cours complètement différents

En outre, il ne faut pas oublier que les banques centrales suivent une voie complètement différente de celle d’il y a deux ans. La BCE, par exemple, veut arrêter complètement le programme d’achat au troisième trimestre. Cela ouvre la porte à une première hausse des taux au trimestre suivant. Entre-temps, la Réserve fédérale a déjà relevé les taux d’intérêt et Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, a déclaré que six autres hausses sont probables. La Banque d’Angleterre garde également le pied sur le frein. La semaine dernière, le régulateur a relevé les taux d’intérêt pour la troisième fois consécutive.

Les investisseurs ne semblent pas (à première vue) s’inquiéter des hausses de taux d’intérêt. Wall Street a même terminé la journée dans le vert après la réunion sur les taux d’intérêt de la Réserve fédérale. Le marché a réagi positivement au message de Powell, qui a déclaré que l’économie américaine était très solide. Les analystes ont réagi avec prudence. Certains craignent que la Fed, avec ses hausses rapides des taux d’intérêt, ne pousse les États-Unis dans la récession, ce qui entraînerait des pertes d’emplois.

Conclusion : Bien que les bourses aient presque entièrement absorbé les pertes dues à la guerre, les risques ne sont certainement pas encore terminés. Par exemple, de nouvelles conséquences économiques du conflit armé en Ukraine peuvent encore faire surface. En outre, nous ne devons pas perdre de vue l’impact d’un resserrement de la politique monétaire des banques centrales.

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