Les derniers mois n’ont pas été faciles pour Facebook. Entre les scandales, l’attention toute particulière des autorités, la perte d’un grand nombre d’utilisateurs et sa dégringolade en bourse, les temps ne sont en effet pas de tout repos pour l’entreprise de Mark Zuckerberg. Et changer de nom n’y a rien fait. La réalité est que cela fait bien plus longtemps que Meta va mal.
L’apparition de Facebook a enclenché une nouvelle ère sur la toile, celle des réseaux sociaux. Au fur et à mesure, la création de Mark Zuckerberg a pris de l’ampleur, rassemblant toujours plus d’utilisateurs jusqu’à occuper un certain monopole, et ce, malgré l’apparition de nouvelles plateformes sociales. Jusqu’à présent, aucune n’est arrivée à la cheville de Facebook. Un monopole qui a peu à peu inquiété les autorités. Avec ses poches particulièrement bien remplies, l’entreprise a écrasé la concurrence – tant qu’elle le pouvait – en rachetant les plateformes populaires qui lui faisaient de l’ombre (WhatsApp et Instagram) ou en s’inspirant largement de ce qui faisait le buzz ailleurs pour conserver sa place de numéro 1. Malheureusement, les copies ne sont pas toujours égales à l’original.
Briser le monopole
La situation de monopole dans laquelle Facebook s’est allégrement engouffrée n’a pas plu aux autorités, que ça soit du côté américain ou européen. Mais il a fallu de nombreuses années pour que la sphère politique se réveille. De nombreuses personnalités politiques se sont montrées particulièrement critiques à son égard, notamment vis-à-vis du rachat d’Instagram et de WhatsApp. Pour beaucoup, l’entreprise telle qu’on la connait aujourd’hui doit être brisée.
« Facebook est dangereux parce que Facebook est un monopole – avec un pouvoir sans précédent sur la communication. Finissez-en », avait notamment tweeté le sénateur républicain du Missouri Josh Hawley. Un avis partagé par la sénatrice Elizabeth Warren. Elle plaide depuis longtemps déjà pour que des lois antitrust soient mises en place pour briser les Big Tech et leur monopole.
Le fait est qu’il serait très difficile, voire impossible pour « un nouvel entrant de remplacer un réseau social personnel établi auquel les amis et la famille des utilisateurs participent déjà », avait déclaré la Federal Trade Commission.
Facebook, le réseau des « vieux »
Mais l’intérêt grandissant des autorités pour son empire n’était pas le seul problème de Facebook, alias Meta. Bien que se faire une place aux côtés du géant américain, Twitter et Snapchat, soit difficile, certains y sont parvenus et ont même rencontré un immense succès. C’est notamment le cas de TikTok.
Si Facebook est considéré comme le premier et le plus grand réseau social, qu’il rassemble près de 3 milliards d’utilisateurs mensuels, il ne jouit plus d’une image de plateforme branchée. Le réseau social est en effet délaissé par les jeunes qui préfèrent se tourner vers Instagram ou TikTok.
Quant aux utilisateurs de longue date de la plateforme, ils ne cessent de la critiquer, même s’ils continuent inlassablement de s’y rendre.
Facebook perd des utilisateurs et de l’argent
Dans son dernier rapport sur ses résultats trimestriels, Meta a fait part d’une tragédie : elle a perdu des utilisateurs quotidiens. Au cours du dernier trimestre 2021, la société a vu son nombre d’utilisateurs quotidiens baisser d’un demi-million. Pour Facebook, c’est énorme.
En parallèle, Meta a également fait part des conséquences pour ses affaires de la nouvelle politique de confidentialité d’Apple. Cette dernière oblige les applications à demander l’autorisation à leurs utilisateurs pour les suivre et donc, pour récolter des informations à leur propos, en vue d’afficher de la publicité ciblée. Facebook prévient que ses revenus pourraient chuter de plus de 10 milliards de dollars cette année, en raison de cette nouvelle politique.
Une annonce qui a eu un impact direct sur l’entreprise. Ses actions ont dégringolé en bourse. La valeur marchande de l’entreprise est passée de près de 900 milliards de dollars à environ 600 milliards de dollars.
Le métavers sauvera-t-il Meta ?
Si Facebook est parvenu un tant soit peu à se réinventer en intégrant de nouvelles fonctionnalités inspirées de la concurrence, la société américaine a également cumulé de nombreux échecs. Sa récente tentative de prendre le train en marche des cryptomonnaies a échoué, le projet a été abandonné. Sa fonctionnalité de dating ne fait pas vraiment de l’ombre à Tinder et ses tentatives pour proposer des réponses à Gmail ou autres ont toutes fini par passer à la trappe.
Mais aujourd’hui, Meta se tourne vers l’avenir et plus précisément vers le métavers, la prochaine révolution des interactions sociales sur Internet. Un concept qui ne date en réalité par d’hier. Les premiers essais de l’entreprise sont loin d’être concluants. Quant à la réalité virtuelle, intrinsèquement liée au métavers, elle est elle aussi annoncée comme une révolution depuis plusieurs années, elle est pourtant encore aujourd’hui réservée à un public de niche.
Un modèle économique dépassé
Mais les tentatives désespérées de Facebook pour se renouveler ne sont pas les seules responsables de son déclin. Pour beaucoup, son système économique qui repose à 98% sur la publicité numérique est également ce qui va pousser l’entreprise à sa perte. Ce système a très bien fonctionné durant deux décennies, mais cela ne veut pas dire que ça sera toujours le cas. Surtout quand des géants tels qu’Apple mettent des barrières au traçage publicitaire.
La fin de son monopole a déjà débuté
Tous ces éléments suggèrent qu’une intervention politique n’est pas nécessaire pour étouffer l’expansion éternelle de Facebook, comme le souligne très justement Elizabeth Nolan Brown, journaliste pour Reason. Sa descente aux enfers a déjà débuté. Par ailleurs, la montée en puissance de TikTok – site le plus visité de 2021 – ne fait que renforcer le déclin du monopole de Meta.
Mais cela ne veut pas dire que les autorités américaines – et européennes – vont arrêter leurs efforts pour briser le monopole des géants de la tech en général. Cette bataille dépasse largement le cas de Meta et les possibles préjudices causés aux consommateurs ou à la concurrence. L’idée est de s’attaquer à l’ensemble des géants de la tech qui jouissent d’un monopole dans leur domaine depuis bien trop longtemps.
Quant à Meta, son déclin est en marche, c’est certain, mais l’entreprise reste encore à l’heure actuelle un mastodonte. Et cela prendra un certain temps avant que cela ne change, mais c’est inéluctable.