Les prévisions alarmistes de la Commission sur le chômage dans l’UE

L’économie de la zone euro devrait subir un « choc historique » de -7,7% du produit intérieur brut (PIB) cette année en raison de la crise du coronavirus, avant une reprise légèrement inférieure à ce taux l’an prochain (+6,3%), a indiqué mercredi la Commission européenne, tout en mettant en garde contre le haut degré d’incertitude de ces prévisions.

Pour la Belgique, l’exécutif européen voit le PIB chuter de 7,2%, un scénario à peine moins pessimiste que les -8% envisagés il y a un mois par la Banque nationale et le Bureau du Plan. Le pays se situerait ainsi entre l’Allemagne (-6,5%) et la France (-8,2%). Son économie se redresserait en 2021 de 6,7% (5,9% en Allemagne, 7,4% en France). Italie (-9,5%) et Espagne (-9,4%) seraient durement touchées.

Ces chiffres sont toutefois à prendre avec énormément de précaution. « Un degré d’incertitude plus élevé que d’habitude pèse sur ces prévisions, en fonction de l’évolution de la pandémie de coronavirus et des mesures de confinement. Les risques entourant ces prévisions sont également exceptionnellement importants et orientés à la baisse », prévient l’exécutif européen.

Pour l’emploi, la Belgique serait parmi les pays les moins touchés, avec un recul prévu d’à peine 1% comparable à l’Allemagne (-0,9%), là où la France chuterait à -9,1%, l’Espagne à -8,7% et l’Italie à -7,5%. Le recul serait de 4,7% pour la zone euro. Corrélaire, le taux de chômage en Belgique remonterait à son niveau de 2017 (7%) avant de redescendre en 2021 à 6,6%, pour 5,4% en 2019.

Investissements publics

L’importance des investissements publics pour répondre à la crise sanitaire et au choc économique se traduit dans le déficit public et le taux d’endettement des Etats: ce dernier passerait de 86% l’an dernier à 102,7% du PIB cette année dans la zone euro.

Après des années de lente baisse, la Belgique verrait sa dette repartir vivement à la hausse: de 98,6% du PIB l’an dernier, elle passerait à 113,8% cette année. Pour l’Italie, elle passerait de 134,8% l’an dernier à 158,9% cette année. Quant au déficit public belge, il plongerait à -8,9%, non loin de la France (-9,9%), tandis que l’Espagne et l’Italie passeraient au-dessus des 10% (-10,1% et -11,1%).

La Commission a toutefois suspendu à la mi-mars, de manière inédite, les règles de discipline budgétaire relatives à la dette et au déficit publics pour permettre aux Etats d’investir lourdement dans la lutte contre les crises sanitaire et économique.

« Ce choc est symétrique: tous les pays de l’UE sont touchés et tous devraient connaître une récession cette année. L’UE et les États membres ont déjà convenu de mesures extraordinaires pour atténuer l’impact. Notre rétablissement collectif dépendra de la poursuite de réponses fortes et coordonnées aux niveaux européen et national », a commenté le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis.

Divergence entre Etats

En charge de l’Économie lui aussi, le commissaire Paolo Gentiloni a souligné que si le choc était bien « symétrique », la profondeur de la récession et la force de la reprise varieront quant à elles entre États membres.
La reprise sera conditionnée par la vitesse à laquelle les confinements pourront être levés, mais aussi – a fait observer l’Italien – par le poids des services comme le tourisme sur chaque économie et par les ressources financières de chaque pays.

« Une telle divergence constitue une menace pour le marché unique et la zone euro, mais elle peut être atténuée par des mesures européennes », a souligné M. Gentiloni, alors que le débat sur la solidarité entre Etats perdure parmi les Vingt-sept qui doivent s’entendre sur un plan de relance et le budget 2021-2027 de l’UE.

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