En 2022, la Belgique a importé presque deux fois plus de GNL russe que l’année précédente

Avec la contribution de Vanille Dujardin et d’Olivier Daelen.

Selon les données publiées par la société de données ICIS, la Belgique a importé 4,3 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) russe l’année dernière. Cela représente une augmentation de 70% par rapport à l’année 2021.

Pourquoi est-ce important ?

Plus d'un an après que la Russie a attaqué l'Ukraine, le paysage énergétique de l'Europe a changé au point d'être devenu méconnaissable. L'approvisionnement en gaz naturel russe via des pipelines a été en grande partie interrompu (par le Kremlin) et l'importation de pétrole a également été restreinte (par l'UE). Mais les envois de produits énergétiques russes vers l'Europe n'ont pas complètement cessé. Par exemple, la quantité de gaz naturel russe expédiée vers notre continent par voie maritime a considérablement augmenté.

Dans l’actu : L’estimation d’ICIS ne tient pas compte des transbordements, des cargaisons de GNL qui font escale en Belgique puis sont expédiées vers un autre pays.

  • Ce qui est inclus dans les chiffres, c’est le GNL qui est consommé et stocké en Belgique, ainsi que la quantité de GNL regazéifié qui est exporté vers les pays voisins, indique une porte-parole du SPF Economie à Business AM.
  • Il apparaît que notre pays fonctionne en partie comme un pays de transit. La quantité de gaz passé par la Belgique a doublé entre 2021 et 2022. 
  • Ceci est principalement dû à la « position privilégiée » du port de Zeebruges. « Le terminal GNL de Zeebruges dispose d’une grande capacité pour recevoir et regazéifier le GNL. De plus, ce terminal est connecté au réseau belge de gaz naturel, qui dispose d’une excellente capacité d’interconnexion avec nos pays voisins », précise la porte-parole.

Mais pourquoi le gaz naturel russe ?

A noté : « En raison du quasi-arrêt de l’approvisionnement en gaz naturel russe par gazoduc, l’UE a dû compter beaucoup plus sur le GNL pour s’approvisionner », poursuit-elle. 

  • Une augmentation des importations de GNL, y compris de Russie, était nécessaire pour éviter une crise énergétique. Au cours de l’été 2022, les prix du gaz naturel dans l’UE ont fortement augmenté après que la Russie a fermé le robinet des gazoducs. Avant l’invasion, l’Union importait environ la moitié de son gaz naturel de Russie.
  • Si les importations russes de GNL ont augmenté, l’UE n’importe désormais plus qu’environ 13% de son gaz naturel de Russie. « À Zeebruges, beaucoup plus de GNL vient du Qatar. Les importations en provenance des États-Unis ont également fortement augmenté », détaille la porte-parole.
  • La Belgique – et l’Europe – importera encore du GNL russe pendant un certain temps. A priori, contrairement au pétrole, aucun embargo n’est sur la table. Il y a quelques jours, la Commissaire européenne à l’Énergie Kadri Simson a toutefois appelé tous les acteurs européens à cesser leurs achats de GNL russe.
  • Le contrat à 1 milliard d’euros que la Belgique a conclu pour importer du GNL depuis le terminal russe de Yamal, ainsi que la bonne situation de notre pays pour exporter du gaz, devraient toutefois continuer de peser lourd dans la balance. « L’Espagne, par exemple, a elle aussi une grande capacité pour recevoir du GNL, mais elle est beaucoup moins capable de transporter ce gaz plus à l’est de l’Europe. »

(OD)

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