Plus généreuses qu’avant la guerre, les livraisons de GNL russe vers l’Europe entrent (enfin) dans le viseur de l’UE

Dans un discours tenu devant les législateurs, la Commissaire européenne à l’énergie a appelé les acheteurs européens à ne plus signer de nouveaux contrats de GNL russe. Malgré la guerre, la quantité de GNL russe dans des pays de l’UE a augmenté l’an dernier.

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine a bouleversé la carte mondiale de l'énergie, surtout en Europe. La quantité de gaz russe envoyé par pipeline vers l'UE s'est effondrée. Mais ce n'est pas lié aux sanctions européennes : c'est la Russie qui a fermé presque toutes les vannes. Quant au GNL, il afflue encore plus qu'avant la guerre.

Dans l’actu : Simson veut que l’UE s’éloigne totalement du gaz russe.

  • Les pays de l’Union européenne doivent s’éloigner du gaz russe sous toutes ses formes : celui envoyé par pipeline et celui transporté par navire sous sa forme liquide (GNL). C’est en substance l’appel lancé par la Commissaire européenne à l’énergie ce jeudi.

Le détail : « ne signez pas de nouveaux contrats ».

  • « J’encourage tous les États membres et toutes les entreprises à cesser d’acheter du GNL russe et à ne pas signer de nouveaux contrats avec la Russie une fois les contrats existants arrivés à expiration », a déclaré Kadri Simson devant les eurodéputés de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie.
  • « S’engager à ne pas renouveler les contrats existants avec la Russie est le meilleur moyen de garantir à long terme à nos partenaires fiables que la demande significative se maintiendra », a-t-elle ajouté.
  • Simson a ainsi appelé l’UE à « se débarrasser complètement du gaz russe dès que possible ». Tout en « gardant à l’esprit la sécurité de l’approvisionnement« , bien sûr.

Livraisons de GNL russe en hausse

Les explications : moins par pipeline, plus par la mer.

  • Malgré les multiples sanctions prises à l’encontre de la Russie, l’UE n’a, jusqu’à présent, jamais interdit ses membres d’importer du gaz russe, peu importe sa forme.
  • Alors qu’environ 155 milliards de m³ de gaz russe arrivaient chaque année en Europe par pipeline avant la guerre en Ukraine, les livraisons se sont considérablement affaiblies depuis l’été dernier. Sur base des niveaux actuels, l’Europe ne devrait plus en recevoir que 20 milliards en 2023.
    • Cet effondrement des livraisons est à mettre à l’actif du Kremlin, qui a décidé de ne plus livrer que quelques pays européens via gazoduc.
    • Depuis un an, les pays européens s’adaptent à leur façon, compensant le manque de gaz russe par des achats de gaz (surtout du GNL) ailleurs dans le monde, l’accroissement du renouvelable, la construction de nouveaux réacteurs nucléaires ou de nouvelles centrales au gaz ou encore la relance – qui ne doit pas durer – de centrales à charbon.
      • Une autre importante mesure a été l’objectif volontaire de réduire de 15% la consommation de gaz pour l’hiver 2022-2023, ce qui a été une franche réussite.
      • Dans son discours du jour, Simson a d’ailleurs proposé de prolonger la mesure jusqu’à l’année prochaine. « La meilleure garantie d’atteindre un niveau de stockage adéquat d’ici novembre », selon elle.
  • Parmi cette flopée de solutions, certains ont aussi visiblement choisi de combattre le mal par le mal : du GNL russe.
    • Ainsi, là où les importations européennes de GNL russe avaient été de 16 milliards de m³ en 2021, elles ont atteint 22 milliards en 2022, selon les données consultées par Reuters. Simson, elle, a cité le chiffre de 20 milliards.
    • Quoi qu’il en soit, cela reste une augmentation (dans de faibles proportions, certes) alors que l’ensemble des responsables européens n’ont cesse d’appeler à s’éloigner de la Russie dans à peu près tous les secteurs, et surtout celui de l’énergie.
  • Reste à voir si l’appel de Simson sera suivi par les acteurs concernés… voire si cela finira par se traduire par une sanction officiellement mise en place au sein de l’UE.
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