La Chine conclut un autre accord monstre avec le Qatar pour du GNL : un problème pour l’Europe ?

La compagnie énergétique publique chinoise CNPC signera bientôt un megadeal avec QatarEnergy pour importer du GNL pendant 30 ans.

Pourquoi est-ce important ?

Une crise énergétique mondiale se joue actuellement avec une demande de GNL qui est à la hausse. La Chine, deuxième économie mondiale, tente également de sécuriser son approvisionnement énergétique. Et quand l'économie chinoise fonctionne bien, c'est aussi dans l'intérêt du marché européen.

Dans l’actualité : la China National Petroleum Corp. (CNPC) conclut ainsi l’un des contrats énergétiques les plus longs dont dispose, pour le moment, le Qatar.

  • En novembre dernier, QatarEnergy et une autre entreprise publique chinoise du secteur de l’énergie, Sinopec, ont conclu un méga-accord portant sur la livraison de 4 millions de tonnes de GNL à la Chine par an sur une période de 27 ans, rapporte l’agence de presse Reuters.
  • Il s’agirait donc déjà du deuxième megadeal énergétique entre la Chine, deuxième acheteur mondial de GNL, et le Qatar dans un avenir proche. Pékin mise alors davantage sur la diversification de ses approvisionnements énergétiques et sur la sécurité d’un approvisionnement en gaz à long terme.
  • La quantité de GNL impliquée n’est pas encore claire, mais elle serait similaire à celle du contrat de Sinopec.
  • Les importations de gaz depuis le Qatar ont augmenté de 75 % l’année dernière par rapport à 2021 pour atteindre 15,7 millions de tonnes. Les importations totales de GNL de la Chine ont, en même temps, diminué de 20%.
    • La Chine se détourne de plus en plus des États-Unis et de l’Australie, les deux autres principaux exportateurs de GNL. Les importations en provenance de ces pays ont chuté de 77 et de 30%, respectivement.

Expansion des exportations de GNL du Qatar

À noter : le gaz proviendrait d’une extension de l’exploitation de North Field – une zone du plus grand champ de gaz naturel du monde. Le pays du Moyen-Orient augmenterait ainsi sa capacité de production de 43 %.

  • Par ailleurs, actuellement, le Qatar exporte 77 millions de tonnes de GNL par an, mais avec l’expansion, ce chiffre passera à 126 millions de tonnes.

Un problème pour l’Europe ?

  • On le sait, l’Europe a troqué le gaz russe par pipeline par du GNL américain et qatari. L’Europe a aussi pu bénéficier d’une économie chinoise qui tournait au ralenti pour remplir ses stocks.
  • Depuis le mois d’août, le prix du gaz est passé de 350 euros le MWh à 50 euros aujourd’hui. Un prix divisé par 7 donc, qui est le fruit d’un hiver plutôt clément en Europe, de réserves bien remplies, donc, et de la perspective renforcée pour l’Europe de se passer du gaz russe.
  • Mais cette alliance chinoise et qatarie change-t-elle la donne ? Difficile de le dire à ce stade, mais ces deux grands accords mettront quoi qu’il arrive plus de pression sur le marché.
  • Ceci étant dit, c’est aussi une mauvaise nouvelle pour la Russie : cela signifie que Pékin se cherche d’autres fournisseurs fiables, alors que la Russie espérait bâtir ce genre de relations de longue durée pour écouler ses ressources.

RVW

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